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Critique de fabienne2909


Amsterdam, XVIIIe siècle. Thea Brandt est une jeune fille de 18 ans qui a grandi dans l'ignorance de ses origines, que sa famille lui a soigneusement cachées à l'exception de quelques bribes, et, au moment de devenir une adulte, elle en souffre. Dans une ville où les apparences et la bonne réputation sont très importantes et où, par conséquent, les critiques et l'hypocrisie sont vives, son père Otto et sa tante Nella ont pensé bien faire, pour la protéger du qu'en-dira-t-on, d'autant plus que la couleur de peau de Théa, métisse, fait à elle seule déjà bien parler… Mais Thea rêve d'un ailleurs moins étriqué, affranchi des secrets d'Otto et de Nella Brandt, qu'ils taisent les uns aux autres, et qui créent une ambiance délétère. Et quand une miniaturiste se met à envoyer des objets symboliques à Thea, elle se sent encore plus perdue… Comment orienter sa vie selon ce jeu de pistes mystérieux ?

Les lecteurs de « Miniaturiste » auront reconnu plusieurs éléments propres à ce roman. Pas étonnant puisque « La maison dorée » en est la suite ! Jessie Burton place l'intrigue de ce second volume dix-huit ans après la fin du premier, qui se terminait avec la naissance tragique de Thea. Dix-huit ans d'une vie renfermée dans cette maison du Herengracht devenue quelque part une espèce de prison, pendant lesquels les personnages n'auront pas vraiment évolué : Cornélia s'occupe toujours avec bienveillance de la maison et de la cuisine, Otto, enfermé dans son deuil, est exploité à la VOC et Nella ne s'est pas remariée, se dévouant à sa nièce par alliance qu'elle considère comme sa fille, tout en tentant d'apprécier sa condition de veuve, sans vraiment de liberté puisque le manque d'argent se fait sentir à tout instant. Dans ce tableau oppressant, la seule porte de sortie que Nella entrevoit pour Thea, c'est le mariage. Mais est-ce la seule solution ? La meilleure ?

J'ai aimé retrouver dans cette suite les personnages que j'avais aimés dans « Miniaturiste », notamment Nella, forte et fragile en même temps, qui se battra pour ne pas se laisser aller à penser que l'essentiel de sa vie, qui ressemble si peu à ce qu'elle avait imaginé à son mariage, est derrière elle. Une vie dont l'apogée avait été cette aventure offerte par la miniaturiste – qu'elle espère retrouver – dans le décor de cette Amsterdam historique, aussi libérale dans ses pratiques commerciales – mariage y compris – qu'étroite socialement dans sa bien-pensance.

L'intérêt de « La maison dorée » est de ne pas prendre la suite immédiate de « Miniaturiste », ce qui permet à l'autrice d'introduire de nouveaux personnages, de nouvelles intrigues, dont la principale se concentre sur la jeunesse et la fougue de Thea, et sur ce contrat social qu'est le mariage. Doit-elle se marier sans amour, dans l'espoir qu'il naisse par la suite ? J'ai apprécié Thea, cette jeune femme en devenir, si déterminée et qui se heurte à cette tante, à qui elle ressemble plus qu'elle ne le croit, avec toute l'injustice dont on est capable quand on est adolescent.
Même s'il se déroule dans un univers souvent clos et à ce titre, oppressant, que je me suis représenté la plupart du temps sombre et terne comme les peintures hollandaises de cette époque, « La maison dorée » sait aussi tendre vers la beauté lumineuse de certains Vermeer, pour ne pas oublier que dans chaque situation difficile, il y a toujours un espoir, celui de vivre la vie que l'on se sera choisi, affranchie de toutes les ombres du passé. Un très beau roman.
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