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Critique de Andromeda06


Après les Îles Galápagos lors de ma lecture précédente, me voici désormais sur l'île de la Réunion. Je ne l'ai pas fait exprès mais voilà qui me change de toute cette grisaille et cette pluie qui me tombe sur la tête depuis quelques jours. Chaleur, soleil, plages de sable blanc, eau turquoise, farniente, marché aux épices, balades dans la nature, voilà qui ne serait pas pour me déplaire, bien que là je serais grandement gênée à cause du plan papangue déclenché : embouteillages, barrages de police, fouilles intempestives, nombreux hélicoptères, sans compter la présence d'un tueur en cavale sur l'île et qui, bien plus malin qu'on peut le croire, ne se laisse pas facilement appréhendé...

Enfin un tueur, encore qu'on peut se permettre de douter, quelque peu... Une femme a disparu, en laissant derrière elle pas mal de sang dans sa chambre d'hôtel. Son mari, d'abord coopératif, change totalement de comportement du jour au lendemain en prenant la fuite, avec sa fille de six ans... Tout l'accuse mais a-t-il vraiment tué sa femme ? Les flics, eux, en sont convaincus en tout cas. Sur ses traces et toujours avec un cran de retard, ils découvrent quelques cadavres ici et là, qu'il aurait semés sur son passage : un homme solitaire qui passe ses journées à regarder l'océan, une vieille dame aux cheveux bleus, une Cafrine qui élève seule ses cinq enfants...

Martial a-t-il tué sa femme ? Et les autres ? Fuit-il la police ou autre chose ? Voilà les questions que l'on se pose tout du long. Quand on connaît un minimum Michel Bussi, on se doute que ce n'est pas aussi simple, qu'avec lui les apparences sont toujours trompeuses et qu'il nous prépare quelque chose certes de tortueux mais efficace puisqu'on ne lâche pas, à défaut de la main de Sofa, le livre si facilement. J'ai été embarquée dans cette course-poursuite, cette chasse à l'homme haletante dès les premiers chapitres, qui m'a fait tourner en bourrique. En nous servant le coupable sur un plateau tout en disséminant constamment le doute, on pense tantôt Martial coupable de meurtres, tantôt au contraire victime d'une machination dont on ne voit pas les enjeux.

Michel Bussi, en alternant les points de vue des différents protagonistes (Martial, Sofa, Aja, Christos) nous permet de suivre cette chasse à l'homme sur plusieurs facettes. Nous sommes tantôt avec les fuyards (le père et sa fille), tantôt avec les forces de police. Les événements ne se déroulent que sur quelques jours. Chaque chapitre, plutôt court, se découpe en horaires précis. La lecture se veut aussi entraînante qu'elle est essouflante.

Et je ne parle pas de l'environnement réunionnais, judicieusement bien implantés où l'on découvre une île paradisiaque et touristique d'un côté et l'envers des décors de l'autre (chômage, délinquance, précarité). Nous visitons des sites de rêve au même titre que les "kartiés" grâce aux personnages issus de milieux aussi différents que leur couleur de peau (Gros Blanc, Malbar, Cafre, Zoreille, Zarabe). On parle local, on sirote du rhum Charette ou une Dodo au bwar, on fume du zamal, on danse sur un air de sega, on peut observer ici et là un margouillat, un endormi ou un tec-tec. L'ambiance typiquement créole est là, bien présente et on s'en délecte.

Et c'est dans ce décor et ces moeurs pittoresques qu'évoluent les personnages, au caractère bien trempé comme Aja ou bien plus énigmatique comme Martial. On hésite à vouloir s'en attacher quelques-uns et pour cause, on ne saura que dans les derniers chapitres qui sont pour de bon les méchants et les gentils.

"Ne lâche pas ma main" est loin d'être le premier roman de Michel Bussi que je lis, un auteur que j'aime beaucoup. Il est en revanche l'un des meilleurs que j'ai lus jusque-là. J'ai été tenue en haleine de bout en bout, grâce à son intrigue tortueuse et bien ficelée, ses personnages plutôt bien fouillés et ambigus, les décors et la vie locale réunionnais toujours bien dépeints, son dénouement à couper le souffle.

Un thriller efficace, abouti, haletant, aux airs de vacances pas si gâchées que ça (pour le lecteur tout du moins).
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