Devenir légume, c’est avant tout apprendre à devenir un homme.
La nature de l’être humain ne vaudra jamais la perfection évolutive d’une photosynthèse.
Contrairement aux hommes, les plantes ne cherchent jamais à s’auto-définir. Elles acceptent le vide dans leur tige comme une possibilité infinie. Prenons l’exemple de la haine, phénomène par lequel les hommes s’identifient en sous-groupes ; elle n’a jamais été répertoriée dans le règne végétal. La haine est sélective, les plantes sont des êtres dont le libre-arbitre les pousse toujours à choisir la négation même du choix.
Il fallait bien un Turc pour donner une conscience à un animal et un animal pour donner une conscience à un Turc.
Pour changer le monde, il faut en faire partie.
Lorsqu’il est question d’argent, les gens deviennent tous royalistes .
Ce fut une véritable épiphanie, toute cette pourriture ; une révélation quant à l’espace occupé dans nos connaissances par l’incertitude. J’en restai sous le choc. Par la mort de mes plantes, c’était ma vie entière qui perdait son sens.
On s’imagine avoir le portrait d’ensemble de la situation, mais tout ce que nous voyons, nous le voyons à travers un filtre : c’est le sas de notre humanité qui dicte nos gestes.
Perdre mes plantes, c’était aussi perdre l’ancrage qui retenait les souvenirs que j’avais de mon père, toutes ses croyances en une métaphysique végétale. Papa, qui était le plus philosophe des botanistes, était aussi le moins animal des maîtres-penseurs. Dans ses nombreux essais, il décrivait la connaissance comme un élément secondaire à la croissance.
À leurs yeux, je n'étais peut-être qu'un légume, mais ils ne me blanchiraient d'aucun chef d'accusation.