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Critique de latina


latina
29 septembre 2017
ATTENTION, DANGER ! Si vous comptez faire un long voyage en train, méfiez-vous !
En effet, si vous avez un amant/une maitresse (cochez la réponse adéquate), vous risquez de ne plus le/la voir de la même façon...Et votre propre identité va en prendre un coup !
Car les voyages en train sont traitres, ils vous poussent à un « remuement intérieur, à un dangereux brassage et remâchage de souvenirs », quitte à être au supplice, cloué au « pilori de vous-même ».

Léon Delmont rêve, comme tout le monde d'ailleurs, d'avoir une vie extraordinaire, sans le joug de l'habitude, du quotidien qui détruit tout. Marié à une bourgeoise confite en dévotion qui l'a transformé en vieillard et qui lui a fait quatre enfants dont il s'est vite distancié, il rejoint Rome périodiquement pour son travail, et là, il a trouvé LA femme qui lui rend la jeunesse, la vie.
De Paris à Rome, d'une ville à l'autre, d'un monde à l'autre.
Cette fois, il se rend à Rome sans le dire à son aimée car il compte lui offrir un cadeau-surprise : il lui a trouvé un travail à Paris ! Ce qu'ils voulaient depuis longtemps, vivre ensemble, va enfin pouvoir se produire !

Mais, mais, mais....C'est sans compter avec le voyage intérieur auquel le conduisent le balancement du train, les rêveries sur les différents voyageurs partageant son compartiment, les allées et venues, les paysages entrevus par la fenêtre, la difficulté de dormir sur cette banquette de 3e classe, les souvenirs des autres trajets vers Rome, les cauchemars, et même la légende du Grand Veneur hantant la forêt de Fontainebleau, qui lui serine « Qui êtes-vous ? Où allez-vous ? Que cherchez-vous ? Qui aimez-vous ? Que voulez-vous ? Qu'attendez-vous ? Que sentez-vous ?»
Et surtout, surtout, le souvenir du seul voyage à Paris de sa maitresse prendra une importance grandissante, transformant la lézarde de son être en fissure béante.

Ce roman, je l'ai adoré il y a 30 ans, et je l'adore encore ! Je l'ai relu avec réticence parce que j'avais peur de ne plus retrouver son magnétisme, mais heureusement, celui-ci m'a reconquise, je l'ai savouré, encore une fois.
Magnétisme de Rome, notamment, qui est décrite avec moult détails. Rome, la païenne et la catholique, aux rues ombragées et aux placettes accueillantes, aux édifices et aux musées flamboyants, à la gare étincelante.
Magnétisme des autres voyageurs dont la présence s'impose tout au long de ces 21 heures de trajet.
Magnétisme de cette écriture aux phrases longues et ondulantes, serpentant dans le psychisme tourmenté d'un homme ordinaire.
Magnétisme d'un voyage au bout de soi-même...

« Qui êtes-vous ? Où allez-vous ? Que cherchez-vous ? Qui aimez-vous ? Que voulez-vous ? Qu'attendez-vous ? Que sentez-vous ? »
Montez dans le train pour Rome, peut-être pourrez-vous répondre à ces questions. Peut-être votre vie en sera-t-elle modifiée...

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