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Critique de de


« le but de ce livre est donc de préciser la portée politique et stratégique du ”concept action” de la souveraineté alimentaire, et ce à l'intention de toute personne intéressée par les questions alimentaires, agricoles, de solidarité internationale, de réflexions sur nos modes de vie et de consommation. La souveraineté alimentaire est à la base d'un autre modèle social de production, de transformation et de consommation et pose les principes d'une agriculture sociale et écologique aussi bien au Nord qu'au Sud. »

Comme le rappelle Julie Duchatel dans son introduction « La logique capitaliste considère l'agriculture comme une marchandise comme une autre qui s'échanger, sur laquelle on peut spéculer dans le monde entier ».

Les réalités sont accablantes : « près d'un milliard de personnes souffrent de la faim ou de la malnutrition dans le monde ; or 80% d'entre elles vivent dans les zones rurales, les deux tiers sont des femmes et 50% des paysans familiaux »

La principale organisation syndicale de paysan-ne-s, Via Campesina, revendique, depuis plus de quinze ans, la souveraineté alimentaire, ce qui implique « pour un pays ou une région géographique de pouvoir produire, sur son propre territoire, ce dont il ou elle a besoin pour l'alimentation de base de sa population, dans le respect de la diversité culturelle et culturale, mais aussi du droit des peuples à définir leurs politiques agricoles et alimentaires, sans dumping vis à vis des autres pays ».

Paul Nicholson analyse, entre autres, les processus de privatisation des biens communs. Il s'exprime sur les mouvements sociaux, leurs moyens, la place des ONG, les alliances possibles, et en particulier sur les positions de la Vía Campesina (LVC) autour de l'utilisation durable des ressources par les populations locales. Reliant la souveraineté alimentaire à la crise plus globale de l'humanité à son environnement, l'auteur parle d'agroécologie. Il souligne que la souveraineté alimentaire « est une dynamique, un processus de construction sociale qui ”ne tombe pas du ciel”, mais qui se conquiert », ne se réduit pas à la production alimentaire mais passe par la défense d'un « modèle paysan social et une agriculture sociale dont le champ porte sur l'emploi et la gestion du territoire » ou dit autrement « une perspective non seulement agraire, mais sociétale et citoyenne, ce qui est fondamental ».

Cette démarche n'est pas confinée au niveau local, et demande des actions internationales. L'auteur ne gomme pas, comme certains, la situation des femmes, et souligne des moyens de remise en cause de la domination masculine (lutte contre la société patriarcale, place des rencontres uniquement de femmes, campagne internationale contre les violences faites aux femmes).

Après avoir analysé le rôle des sociétés trans-nationales, Paul Nicholson souligne « Il faut donc changer la logique économique, productive et de consommation. » Il insiste aussi sur la nécessaire autonomie des mouvements sociaux.

Le titre de cette note est extraite de cette partie.

L'article de Xavier Montagut insère le commerce équitable dans la problématique plus globale de souveraineté alimentaire. L'auteur souligne le « caractère inégal des relations commerciales entre le Nord et le Sud » et indique, entre autres « Les structures injustes du marché international ne changeront pas avec l'introduction de certaines pratiques alternatives au sein du marché. Il faut changer les caractéristiques de ce marché et cela se fait en plaçant la politique en position de décision et l'alimentation locale au-dessus de la commercialisation d'excédents sur les marchés mondiaux ». Subventionnés au Nord, les produits sont commercialisés au Sud à « des prix en dessous des coûts de production des paysanneries locales, entraînant ces dernières à la ruine ».

L'auteur aborde les critères de production, les coûts, la qualité des aliments, l'épuisement des capacités régénératrices des écosystèmes, les nouvelles sources de pollution, les intrants artificiels, les semences transgéniques, l'énorme gaspillage en eau ou énergétique, sans oublier la spéculation la crise sanitaire (grippe porcine).

Les réflexions de Xavier Montagut sur le commerce équitable sont plus qu'intéressantes, car jamais réductrices, ou dit autrement, reliées à la souveraineté alimentaire, d'où le refus d'aborder les questions des produits « indépendamment de celui qui le vend et de la façon dont il le vend, qui considère le ”prix équitable” comme l'unique caractéristique e renonçant à donner une priorité absolue aux petits producteurs ». Il insiste sur les concepts autogestion d'association, de coopération, de coordination et de « recherche de l'accès le plus direct possible du consommateur aux producteurs », tout cela dans des « perspectives de durabilité ».

Enfin, Javiera Rulli évoque les projets de coopération international, de manière justement critique sur l'ONGisation. L'asymétrie de la situation des femmes est pris en compte, d'autant qu'elles constituent la majeure partie de la force de travail « La vision agroécologique ne peut s'implanter sans une valorisation et un pouvoir accru de la femme et sans que cette dernière ne devienne à sa façon une nouvelle protagoniste dans le processus de production » ou « rien ne changera tant que les femmes seront contraintes à supporter la tyrannie et la soumission ».

La seconde partie de l'article concerne les réformes agraires, l'accès à la terre, les phénomènes d'accaparement des terres ou le latifundisme. L'auteur reprend et développe le concept d'agroécologie.

Si la sauvegarde alimentaire « s'est développé au début comme un concept paysan (sauvegarde de la paysannerie). Aujourd'hui, elles est perçue comme un droit citoyen et politique. »

Des contributions importantes qu'il faudrait largement diffuser et discuter.

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