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Critique de Piatka


Attention : roman époustouflant mais exigeant qui m'a demandé un temps d'adaptation à sa forme de narration inhabituelle et qu'il est quasiment impossible de résumer.
Pour autant, c'est une lecture solide, consistante et gratifiante, qui mérite le détour et le statut de chef d'oeuvre dans mon panthéon personnel. Un roman marquant donc, totalement inclassable !
J'ai beaucoup hésité à me lancer dans cette " critique ", uniquement motivée finalement par l'envie d'attirer l'attention sur un roman rare, original, foisonnant paru à la fin de l'été 2013, comme on en rencontre peu.

La trame principale du livre s'articule autour des confessions d'un homme dont la mémoire s'effiloche, Adrià Ardèvol y Bosch, qui permettent de suivre l'histoire de sa famille, enchevêtrée avec L Histoire européenne, du Barcelone des années cinquante en passant par l'Inquisition, l'Allemagne nazie à l'Espagne d'aujourd'hui. L'itinéraire d'un jeune garçon solitaire et brillant, dépositaire des espoirs familiaux et de lourds secrets hérités en même temps que le magasin d'antiquités aux provenances parfois douteuses. Et c'est justement la pièce la plus rare, un violon d'exception, un Storioni, qui sert de fil conducteur pour ne pas se perdre dans le dédale de ces presque 800 pages.

Ce qui m'a le plus déconcerté ici c'est évidemment l'absence de chronologie et de repères de ponctuation classiques. C'est bien sûr en cela que ce roman n'est pas d'un abord facile dans les premières pages. Il faut accepter qu'un paragraphe, et même une phrase parfois, s'achève à une époque et avec des personnages différents entre le début et la fin. Franchement je me suis demandé si je savais encore lire et surtout si j'étais encore apte à comprendre ce que je lisais. Insolite donc, inconfortable évidemment ; et puis, bien sûr, on s'habitue à cette structure flottante, à cette petite gymnastique intellectuelle. C'est sûrement excellent pour les neurones...
Jaume Cabré renforce ainsi sans doute la difficulté de son personnage à rassembler les bribes éparses de son histoire dans une mémoire qui se disloque. C'est tout à fait ingénieux. Côté écriture, le style reste limpide et clair, le propos érudit et ambitieux, dans ce roman aux pistes multiples.
L'art, la soif de connaissances, le Mal, le pardon sont les thèmes majeurs de cette fresque passionnante.

Confiteor, je confesse...je replongerai un jour avec plaisir dans cette fresque, comme j'ai apprécié de lire à nouveau les frères Karamazov il y a peu, pour savourer au-delà de la découverte la profondeur d'une pensée, la réflexion d'un écrivain majeur.
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