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Critique de gatsbi


L'astrobiologie, vous connaissez ?
Moi pas. En tout cas je n'ai jamais réellement posé les yeux sur cette discipline scientifique relativement jeune qui paradoxalement inspecte l'Univers jusqu'à l'aube des temps.
C'est maintenant chose faite, et ce grâce à l'aimable offre des Editions Seuil, en partenariat avec Babelio.

Avec le recul, il est étrange que ma passion pour la Science-Fiction ne m'ait pas amené à découvrir cette science au carrefour d'autres domaines plus connus. D'autant plus étrange que le thème du « contact » est l'un de mes préférés, et l'Intelligence Artificielle mon domaine professionnel.

En tout cas, la découverte s'est bel et bien produite. Et elle fut belle, et ce fut bien !
Une belle découverte, c'est exactement ce qui vous attend dans ce livre écrit par Nathalie A. Cabrol, qui possède un talent indéniable pour la vulgarisation. Je dirais qu'il s'adresse avant tout à un public curieux ou néophyte (tel que moi), mais la somme de connaissances érudites, d'anecdotes, et tout particulièrement les dernières avancées de la science (même 2022) pourrait bien attirer les amateurs les plus avertis !

Pouvoir de l'imagination, l'autrice m'a fait penser à Lisa Durnau dans "Le Fleuve des Dieux" de Ian Mc Donald, une Française spécialisée en biologie évolutionnaire. Comme elle, je l'ai imaginée incroyablement brillante, dynamique, débattant de sujets éblouissants avec des collègues non moins éblouissants. Peut-être parce que l'autrice a su distiller ces quelques indices sur sa vie exceptionnelle de chercheuse et de découvreuse. Peut-être est-ce simplement l'enthousiasme qui transpire de ses paroles, cet enthousiasme sans lequel la science ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui.

J'en reviens au livre ! Côté écriture, rien à redire, c'est très propre et agréable à lire, dans un style qui me paraît classique pour ce genre d'ouvrage. On se croirait plongé dans l'une de ces belles émissions de vulgarisation sur Arte, avec la voix qui va bien !
Concernant le contenu, je me trompe peut-être, mais je dirais que ce livre propose un vaste panorama de ce qu'est l'astrobiologie, en développant ses thématiques, ainsi que son histoire, jusqu'aux dernières avancées.
Il y a donc beaucoup de contenu, beaucoup de connaissances, et cela peut facilement devenir source de saturation pour un public peu motivé. Heureusement, un soin tout particulier a été apporté à la structuration de l'exposé : d'une part celui-ci suit une progression parfaitement logique, et d'autre part chaque chapitre est amené par une transition.

Les 200 premières pages exposent quelques notions fondamentales puis explorent notre système solaire à la recherche de la vie extra-terrestre. D'abord, la « zone d'habitabilité » : Vénus, la Terre et Mars. Ensuite, le reste du système.
Les 100 pages suivantes passent à l'ordre supérieur avec les exoplanètes. Ma partie préférée parce qu'elle traite des civilisations avancées.
Dans le dernier chapitre, l'autrice s'autorise un message plus personnel sur le thème de l'écologie, du réchauffement climatique, de notre responsabilité, de notre destin. Une parole qui clôt logiquement la boucle ouverte dès le premier chapitre, à savoir que « la plupart des astronautes reviennent sur Terre avec un sens aigu des responsabilités envers notre environnement et une compréhension accrue de la vulnérabilité de la vie ».

J'ai dit que le livre était riche en contenu, c'est vrai mais cela ne veut pas dire qu'il s'agisse d'un compendium. Les informations (chiffrées ou non) sont toujours intégrées au propos didactique et aident à se représenter les choses.
Quelques exemples qui ont retenu mon attention :
- Notre galaxie roule à 2 000 000 km/h.
- L'univers en compte 125 000 000 000.
- Les générations I, II et III d'étoiles (ou plutôt III, II et I).
- L'évènement de la Toungouska, en Sibérie, il y a à peine un siècle.
- L'astéroïde Apophis, qui me hante désormais… putain d'astéroïde !
- La théorie de l'inéluctabilité de la vie.
- Les virus non vivants.
- La tempête sur Mars qui retarde la sonde Mariner 9 prendant 3 mois… Andy Weir a dû s'en inspirer : le héros de « Seul sur Mars » essuie une de ces tempêtes dans son voyage final.
- La puissance des radiations de Jupiter.
- La technologie des propulseurs, en passe d'atteindre 1/5 de la vitesse de la lumière. Dingue ! Bon, d'après ce que j'ai compris, ce n'est pas fait pour les organismes vivants.
- La sixième extinction de masse (c'est maintenant, au secours !).
- Les biochimies alternatives.
- L'hypothèse du zoo (je ne suis pas le seul à avoir des idées bizarres. La communauté des astrobiologistes a l'air accueillante de ce point de vue).
- La théorie de « la forêt sombre » (c'est décidé, il faut que je lise Liu Cixin cette année).
- Les besoins de la vie : eau, énergie, nutriments, sources de carbone, et… un abri !

Dans cet exposé, j'ai apprécié la clarté et l'insistance de l'autrice pour faire la part entre ce que l'on sait et ce qu'on ne sait pas… encore. À cet égard, sa citation de Karl Sagan dans les premières n'y est certainement pas étrangère. Dans cette science plus que d'autres, bien des propositions sont cantonnées au rang de conjectures. Et lorsqu'elle donne son opinion (parfois celui d'autres scientifiques), c'est toujours étayé d'un raisonnement simple et convaincant (comme l'univers qui compterait au bas mot plusieurs milliards de civilisations avancées).

De ma lecture, je ressors avec la curieuse impression de mieux cerner comment pensent les astrobiologistes. Je vois ce vaste chantier au carrefour de tant de disciplines toutes plus pointues et plus importantes les unes que les autres. Je vois ces échelles de temps même si elles me dépassent. Je vois l'échelle des planètes, des systèmes, des galaxies et de l'Univers. Je vois ces physiques relativiste et quantique même si elles me restent opaques. Je vois ces biochimies, la nôtre et les « autres ». Je vois la coévolution du vivant et de l'environnement. Je vois l'échelle du vivant, ses stades ou son absence de stade selon la vision. Je vois le vivant sans savoir ce que c'est. Je vois la quête de l'Autre, mais là je sais qu'il s'agit en fait de la quête de Nous.

Mais la vraie force de ce livre, à mon avis, est d'éveiller l'intérêt, de faire réfléchir. de faire rêver peut-être et, espérons-le, de sensibiliser.
J'ai déjà pu assouvir ma curiosité sur plus d'un sujet (merci Internet !).
Quant à la réflexion, la matière fournie est énorme. Pour un amateur de Science-Fiction comme moi, c'est du pain béni. Même les simples connaissances purement factuelles sont appréciables car elles permettent de mieux voir lorsqu'un auteur de SF vise la crédibilité.
En passant, à celles et ceux qui souhaitent lire des auteurs de fiction sur le thème du « contact », je ne peux que recommander Jean-Michel Calvez, probablement le meilleur auteur hard-SF français, et un spécialiste de ce thème, avec une vision certes bien moins optimiste...

Si je devais donner quelques petits défauts, je dirais :
- Certains passages un peu trop énumératifs (comme la liste des exoplanètes découvertes)
- La pixalisation des images en noir et blanc.
- L'absence de lexique.

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