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Critique de LeScribouillard


Nouvelle civilisation, nouvelle version. La christianisation du mythe de Peredur n'en est pourtant pas moins épique, étonnante et oui, même comique par endroits.
De nos jours, Perceval est pourtant vu comme ce genre de livres que tous les bons petits français doivent avoir parce que ça raconte leur Histoire et que ça bute du Sarrasin. Palsambleu, que dalle ! On se bat, d'accord, il n'y a aucun grand sujet philosophique qui soit abordé, il n'empêche que Chétien de Troyes était en avance sur son temps. La narration, encore il est vrai émaillée du côté antico-homérique convenant mieux à l'oral, reste plutôt prenante (bien plus que chez la plupart des auteurs de classiques). Deuxième point fort, l'humour durant les 100 premières pages parfois à la limite du trash avec un Gallois simple et naïf qui croit tout bien faire et qui flanque la pagaille. L'histoire est également riche en révélations, sans mettre autant le paquet que les séries américaines, mais on sait ne pas dévoiler tout d'un coup.
C'est vers les 200 pages que ça se gâte vraiment. On a un chapitre totalement gratuit et sans lien avec le reste suivant Gauvain à un tournoi (qui n'avait rien foutu jusque-là), et Chrétien de Troyes meurt avant d'avoir pu finir. le livre du mythe païen dont il s'était inspiré ayant mystérieusement disparu, des tas d'auteurs essayent de conclure l'histoire avec leurs idées à eux, quand Anne-Marie Cadot-Colin arrive et voilà-t'y pas qu'elle se dit : "Tiens, je vais faire un mélange de tout ça pour arriver à quelque chose d'apocryphe mais de cohérent". Ce qui fait qu'on a droit au retour d'un chevalier qu'on a tué au début du roman et autres joyeusetés du même genre, pour un final assez simple, et qui est censé conclure l'ensemble du cycle arthurien. (Évidemment, il va y avoir Mordred qui va venir emmerder tout le monde ensuite, mais bon...)
Alors est-ce que c'est bien, "Perceval" ? du bon et du moins bon, comme on dit toujours ! Les personnages ne sont pas bien creusés, mais le héros évolue un peu ; on a droit à tout un panel d'aventures ; je le dis et je le répète, ce bouquin n'a pas de sens profond ni de grand intérêt pour les amateurs de fantasy disons plus intelligente. Il n'empêche, c'est un témoignage du Moyen Âge, un héritage de légendes de nos ancêtres dans des temps plus obscurs que le notre (quoique !), le tout servi d'une manière efficace et sans prise de tête. Oui, "Perceval", c'est bien de la littérature française, n'en déplaise à quelques académiciens renfrognés. Ça m'étonne que pas un seul étiqueteur sur Babelio n'y ait pensé ; non, on se contente de classer ça dans "littérature jeunesse" parce que c'est du second choix. Pour info, j'en ai plus qu'assez que les gens ne voient en les chevaliers que le monomythe de l'éternel blondinet qui va sauver sa princesse quand on peut arriver à bien moins idiot. Allez causer aux de la Barre là-dessus, ils vous en parleront mieux que moi.
Non, on est pas dans du conte de fées, et sûrement pas dans du roman pour gamin ; ici les combats sont décrits avec prosaïsme, et à l'époque, on leur coupait les couilles pour les leur fourrer dans le nez, comme qui dirait. Ça fait un sacré paquet de temps que le merveilleux est mis au rabais alors qu'il s'agit du genre par excellence où l'on peut placer son personnage dans une situation capable de transformer sa conception des choses (et accessoirement celle du lecteur), et il va falloir que ça change.
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