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Critique de Berthelivre


C'est quoi, la guerre pour un enfant de onze ans ? Enfant page blanche qui entend des mots nouveaux, des noms propres répétés par les adultes, qui assiste à des scènes inédites de tristesse ou de cérémonies patriotiques, à qui l'on fait chanter à l'école « Maréchal, nous voilà » et qui ne sait ni qui décide de la guerre, ni où elle se passe, ni ce que veut dire le mot « maréchal ».
Enfant page blanche qui inscrit dans sa mémoire, jour après jour, toutes ces nouveautés inexpliquées, et qui s'interroge.

Mais on ne laisse pas le choix à l'enfant : il va vite apprendre. Peut-être pas la guerre en tant que telle, mais l'occupation allemande qui apporte avec elle, la violence, la faim, le froid, et qui suscite les pires comportements, le juteux marché noir, les délations, l'antisémitisme public et revendiqué. L'enfant apprend tout cela avant d'avoir atteint ses quatorze ans.

De l'innocence naïve des premières pages, qui a pu faire sourire, on dégringole dans la noirceur d'une adolescence qui n'a plus aucune illusion. Une adolescence non seulement volée de son insouciance, mais victime de la noirceur quotidienne des conditions d'existence difficiles, et de profiteurs dont l'abjection ne connaît pas de limites.

Et puis, témoin terrifié et sidéré de la violence sadique et meurtrière qui s'exerce, parfois dans les maisons ou les cafés, et jusque dans les rues.

Mais Calaferte n'emploie pas ces mots-là : sadisme, violence, meurtre, abjection. Il écrit ce qu'il entend et voit en phrases courtes, simples, élémentaires. Sujet, verbe, complément. Et un adjectif de couleur de temps en temps, pour décrire un manteau ou l'allure du ciel. Il écrit le constat fait par un tout jeune homme qui apprend la guerre sans professeur, par ses propres moyens, et qui n'a que les mots de son quotidien pour la raconter.

La sècheresse de son expression est plus percutante que n'importe quelle lamentation.

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