Les médecins ressemblent aux joueurs: toujours à la recherche de la bonne combinaison. Les patients, pensent-ils, sont de vraies machines à sous: si vous leur tordez le bras assez longtemps, vous avez de bonnes chance de remporter le gros lot.
"Quand tu tires un coup de fusil, la balle file à la même vitesse que si tu la laissais tomber."
Encore un truc que j'ai appris dans un cours de physique.
"On ne peut pas distancer la gravité, dit Paul. Quelle que soit la rapidité avec laquelle on avance, on ne va pas plus vite que la pierre qui tombe. C'est à se demander si le mouvement horizontal n'est pas une illusion, si on n'avance pas uniquement pour se persuader qu'on n'est pas en train de tomber."
Sans l'avoir jamais formulé à voix haute, mon père m'a inculqué un principe : ne jamais se vouer corps et âme à un projet, si un échec risque d'anéantir toute perspective de bonheur.
Ma mère m'a dit un jour qu'un bon ami nous protège du danger dès que nous lui demandons secours, mais que le véritable ami intervient de son propre chef, sans qu'il soit nécessaire de solliciter son aide.
Ceux qui pensent qu’une vie ne suffit pas pour compter cent millions d’étoiles à raison d’une par seconde se trompent, m’avait-il déclaré un jour. En réalité, il faut trois ans, à condition de se concentrer et de ne pas se laisser distraire par quoi que ce soit.
S'il espérait un clone de mon père, il fut certainement déçu. L'étudiant que Paul rencontra, le garçon qui boitait légèrement et rougissait quand on prononçait son drôle de nom, avait commis l'impensable : il avait renié L'Hypnerotomachia, devenant ainsi le fils indigne d'une famille qui avait élevé la lecture au rang de religion. [...]
J'avais en effet constaté que les gens pétris de livres partagent un préjugé inavouable, une espèce de conviction secrète selon laquelle la vie telle qu'elle se présente correspond à une vision imparfaite de la réalité, et que seule la littérature, faisant office de lunettes, saurait corriger.
L'amour triomphe de tout.
L’exquise futilité des tâches impossibles, voilà l’opium des perfectionnistes.
L'exquise futilité des tâches impossibles, voilà l'opium des perfectionnistes.
Comme tout dans l'univers, nous sommes condamnés, depuis notre naissance, à nous séparer. Le temps ne fait que mesurer cet éloignement. Si nous sommes des particules dans un océan de distance, détachées d'une matrice originelle, notre solitude obéit à une loi immuable: elle augmente à mesure que nos années s'écoulent.