À un souffle du passé

Je me sentais seule, pas parce que je n'avais pas d'homme dans mes draps, mais parce que j'avais compris qu'au bout du chemin, et au milieu, et au début, nous étions seuls. L'amour qui va et vient dans nos vies n'est qu'un sursis momentané.

Les vagues emportent les secrets. Seule la mer les connait, mon petit, et elle les garde précieusement.

L'idée selon laquelle la survie élève les gens est un mensonge que racontent ceux qui ont besoin que le monde ait du sens.

La tragédie peut frapper n'importe où, à n'importe quel moment. Comment vivre en sachant ça ?

Il m'attira contre lui et je me laissai emporter par son baiser. Son contact me transporta au fond de l'océan, jusqu'au moment où la vérité m'était apparue et où j'avais décidé, compris, que la vie valait la peine d'être vécue. Quand nos regards s'étaient croisés. Quand il avait fait ressusciter l'amour et l'espoir et qu'il m'avait ramenée vers la lumière.

La vie que nous vivons est celle que nous choisissons chaque fois que nous prenons une décision en notre âme, cœur et conscience.

Mais personne n'échappe jamais au passé, quoique l'on puisse en penser. Il nous suit; il nous piste; il guette en silence, tapi dans les recoins les plus sombres.

La tragédie de notre passé nous suit, elle marche parfois à côté de nous, mais il y a également le grand mystère qu'est la vie après avoir survécu.

Lilly ferma les yeux. Partout où elle regardait, ce n'était qu'effroi et épouvante. Des personnes flottant dans l'eau, des enfants échappant à l'étreinte de leurs parents, des hommes amenant leurs femmes et leurs enfants aux canots pour leur trouver une place. Les riches. Les pauvres. Les domestiques. Les nègres. Les machinistes, Capitaine Dubois, les officiers... Tous étaient sur un pied d'égalité, désormais. Tous étaient des humains qui voulaient désespérément être sauvés.

Une épave retrouvée. Une exposition à organiser avec la liberté de tout gérer comme bon le semblait. Une histoire à mettre au jour. Voilà le chant des sirènes auquel j’avais désormais compris que je répondrais...