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Critique de alouett


New-York, 1920.

Harlem vibre au son du Jazz. Sidney Bechet, Duke Ellington, Ethel Wathers,… autant d'artistes qui enchantent chaque soir les amoureux de Jazz rassemblés dans les Clubs. C'est dans l'un d'eux, le Blue Diamonds, qu'Anna se rend presque chaque soir, à l'insu de sa tante Vivian. Pour la jeune métisse, cette musique envoûtante « semble contenir toutes les émotions, toutes les joies et les peines de l'existence ». Elle se laisse emporter par le son suave. La journée, elle travaille au restaurant familial tenu par sa tante. Aux cuisines, Oncle Benny mitonne des petits plats en rêvant à une autre vie. L'aide de Grandma a permis au couple d'offrir à la jeune orpheline une famille aimante et unie.

Chaque semaine, Anna emmène sa grand-mère en promenade. Toutes deux sont passionnées par les récits d'explorateurs, elles ponctuent donc leur marche par la lecture de la rubrique consacrée aux grands aventuriers du New-York Herald. Ce jour-là, le journal présente une expédition scientifique dont les membres ont mystérieusement disparus en Afrique. A la lecture du nom de Clarence T. Withmore, Grandma fait un malaise. Elle décide alors de lever le voile sur vingt années de mensonges et de confier à Anna que son père n'est pas mort comme on a toujours voulu lui faire croire. Après le traumatisme causé par la nouvelle, Anna décide de partir en Afrique pour retrouver son père.

L'accueil que réserve cet album est chaleureux. Durant les premières pages, le jazz nous accompagne dans notre découverte des personnages. Non pas que la musique soit omniprésente dans cet album, mais elle y joue un rôle important qui donne une ambiance à l'album et emmène le lecteur dans le New-York des années 1920. du Stormy Weather d'Ethel Waters aux tenues vestimentaires des personnages, le dépaysement est agréable.

Le scénario a su trouver un bon équilibre pour aborder de front deux histoires : celle d'Anna, jeune métisse chahutée par la couleur de sa peau « trop blanche pour mes frères noirs et trop noire pour les blancs » à celle, plus globale, de l'histoire du peuple noire. La Petite Histoire d'Anna (en quête de ses origines) côtoie la Grande. C'est pour nous l'occasion d'aborder l'esclavagisme et son abolition, ainsi que la difficile acceptation des Noirs dans la société blanche américaine et tout son lot de discriminations. Une manière de (re)découvrir les États-Unis à une période charnière de son histoire, au moment de l'âge d'or de l'american way of life et de la prohibition. En trame de fond, Joël Callède exploite l'essor artistique de cette période (révolutionnant les Arts comme la Musique ou le Cinéma) pour asseoir le côté historico-réaliste de son univers.

Le scénariste prend le temps de nous faire découvrir le quotidien d'Anna et d'installer l'intrigue. Peu à peu, le rythme du récit s'accélère sans pour autant conduire le lecteur jusqu'à l'essoufflement. Certes, on pourrait reprocher à l'auteur d'opter pour des solutions un peu trop rapides mais cela n'ôte en rien la cohérence de cette fiction.

La partie graphique a été réalisée par Gaël Séjourné, il est parvenu à transmettre une sorte d'art et de plaisir de vivre. L'atmosphère de l'album est chaleureuse. Sa ligne claire donne une impression de luminosité, il y a là un côté frais et spontané très agréable. Je garde une impression de grands espaces et de décors magnifiques mais, en feuilletant l'album après lecture, j'ai été surprise de constater qu'il contient essentiellement des scènes d'intérieurs colorisées dans des tons gris violacés. Pourtant, force est de reconnaître que les quelques planches teintes d'ocres et de verts luxuriants font bonne impression. Par touches, le lecteur profite donc du New-York des années 1920 qui offre un cadre magnifique à cette intrigue. On remarque enfin la prestance de ses personnages et leurs nombreux portraits offrant un gros plan sur des faciès expressifs, bien qu'un peu figés par moments.

Harlem est un bon tome de lancement de série. Confiante, je ferais partie du voyage offert par le second tome. de la difficulté d'Anna à s'intégrer en dehors de son cercle relationnel, du traumatisme causé par la révélation de l'existence de son père, nous découvrons Anna à l'aube de sa nouvelle vie, à l'entrée de sa vie de femme.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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