AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jcjc352


Etant habitué à la traduction de Quadruppani j'ai été très étonné et plutôt « fort marri » de trouver une traduction du patois sicilien de Camilleri par « le parler des gones »
Je suis lyonnais, enfant de guignol et donc il ne m'a pas semblé judicieux de remplacer un patois du sud par le « parler yonnais » (et non un patois) local .
« Le dialecte c'est la langue du sentiment » dit Pirandello et donc celui de Vigata n'est pas le même que celui des « yonnais » il ne véhicule pas les même données ; le parler « yonnais » est connu surtout pour Guignol personnage populaire persifleur au message quelque peu politique du moins social pour le sicilien c'est différent on est plus porté sur la farce et la fesse sociale. (surtout Camilleri...) Une traduction intello qui s'éloigne du sentiment populaire donc spontané.

Curieuse méthode bien sur, intellectuellement hautement justifiée par la traductrice et l'éditeur (Paul Ricoeur est appelé à la rescousse) , mais bon ! non ! Voir une « fenotte » en Sicile c'est « tomber dans le béjat » (l'imbécilité) car une « fenotte » comme « Madelon » se trouve au gourguillon à « taper le cul des grenouilles » dans sa « souillarde yonnaise » plutôt qu'à Vigata

D'accord on va me traiter de « Tord-la-gôgne » mais c'est comme ça on ne mélange pas les torchons et les serviettes. Sans parler du glossaire qu'il faut compulser incessamment, même pour un pur « yonnais » et puis pour comprendre à l'intuition bernique.

Bon assez de « tracassin »  je prend « mon cul par l'oreille » et je déguerpis!(dixit Camilleri) « a totor ! »

Pour ce vaudeville grimaçant surtout mais glamourisant par certains cotés qui reprend une histoire du XIX siècle Camilleri fait fort. Un mélange de fabliau comme « la chèvre de monsieur Seguin » et de satyre politique de la société sicilienne rurale et traditionnelle et chouïa de fond d'intrigue policière on n'oublie pas que Camilleri est géniteur de Montalbano.
Un nobliau volage (très) et querelleur (très aussi) surtout au club qui n'ayant pas d'héritier mâle va chercher une mère porteuse chez ses domestiques. Un curé réactionnaire, bilieux et carambouilleur pour la plus grande gloire de dieu, des femmes jacasseuses, marieuses et un peu « Soupe, savon, salut » et un mami attendu comme le petit jésus ( Note : saucisson , spécialité lyonnaise emmailloté dans un filet résille rouge : excellent) et un apothicaire, fils de pays de retour chez lui pour les concoctions sorties droit du jardin paradis. le tout sur parties de jambes en l'air dans la moiteur des couettes accompagnées de repas copieux dans une Vigata qui retient son souffle pour savoir comment ça va finir.
La discrétion n'est pas vraiment une qualité sicilienne et heureusement car ça occupe.

Pour revenir à cette traduction qui m'a irrité et contrarié je me demande pourquoi le parler « yonnais » et pas celui du parigot ou stéphanois ou marseillais plutôt que de parler des « gones  (voir mottet et mami ) et fenottes » on aurait pu traduire par « titis et titi.es (?)» ou « Gagas et gagasses »ou « minots et minotes »
Non vraiment cette traduction n'est pas justifiée car elle nuit à la fluidité de la narration car quand même l'essentiel est la truculence et verve des images suggérées par Camilleri « prendre son cul par l'oreille… » (qui aurait du être traduite en yonnais par « agrappe ton darnié par l'ireille... » et ici on comprend intuitivement la phrase s'en aller se référer au glossaire ) c'est visuel. Donc deux poids deux mesures
D'ailleurs Quadruppani utilise des mots siciliens (opéra de Vigata) qu'ils fait expliquer par ses personnages « comerdioni » à l'audition, intuitivement, on comprend ce qu'on veut ou peut mais ce n'est pas ce qu'on croit et le vrais sens c'est « cerf-volant » expliqué au préfet milanais qui ne comprenait pas tout le sicilien et hop le tour est joué !
Il utilise aussi discrètement le mot « minot » marseillais pour l'enfant et ça passe bien et jamais cela ne nuit à la fluidité de la narration

Oui oui je suis un « Tord-la-gôgne » mais maintenant que c'est dit ça va mieux !

Et maintenant que vais-je lire?
Commenter  J’apprécie          51



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}