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Critique de ALDAMO21


« On ne te laissera pas vautrée, à rien faire, ou on étudie ou on n'est personne. T'as compris ? Tu veux être personne ? »
Cette phrase résume bien le credo d'Antonia Colombo, la mère de Gaia, la jeune héroïne du roman.
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Il est très rare que j'aie des difficultés à commenter une aussi belle histoire, aussi dense par toutes les émotions qu'elle m'a procurées.

Ce roman m'est un énorme coup de coeur !
Giulia Caminito est décidément une auteure que j'aime énormément lire et elle est, avec Silvia Avallone, une de mes auteures italiennes préférées.

Ce que j'aime chez Giulia, c'est sa magnifique écriture, c'est son immense poésie, avec ses phrases qui ondulent comme la surface de l'eau du lac de Bracciano, lorsqu'il est bercé par vent.

Ce que j'aime chez Giulia, c'est son énorme sensibilité, c'est la délicatesse et la rugosité de ses mots, qui se déversent et qui déferlent avec fièvre, avec frissons sur toutes les pages du roman.
Des mots qui font briller les yeux, parce qu'ils choquent, interrogent, parce qu'ils s'entrechoquent, parce qu'ils hurlent parfois, parce qu'ils font frémir, parce qu'ils font perler quelques larmes.

Ce que j'aime chez Giulia, c'est sa magie pour décrire dans toute leur beauté authentique, des scènes de la vie quotidienne comme un paysage peint sur une grande toile.
Des récits de vie, des moments de ressentiments, des morceaux de dialogues doux et durs à la fois, et percutants par leur grand réalisme
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« L'eau du lac n'est jamais douce » est un sublime portrait d'une femme, celui d'Antonia, cette mère de famille courageuse, combattante, ombrageuse, économe, impétueuse, droite, presque trop rigide. Elle est celle qui porte à bout de bras sans fatigue, son mari et tous ses quatre enfants. Elle est celle qui marche brave et fière, contre tous les vents et toutes les marées.
Une femme déterminée, rigoureuse qui ne fera aucune compromission ni aucune concession.
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« L'eau du lac n'est jamais douce » est aussi le portrait très bouleversant de Gaia qui est la seule fille de la famille. C'est elle qui dans le roman raconte, qui se raconte.
Une jeune fille qui a ses aspirations, ses rêves, ses désirs d'adolescente, mais aussi qui a ses propres hontes, ses nombreux complexes, ses peurs, ses limites qui la rendent fragile.
Une jeune fille pour laquelle sa mère a des féroces attentes afin qu'elle étudie, afin qu'elle réussisse, afin qu'elle devienne quelqu'un.
Une jeune fille, qui sera en constant questionnement, qui aura du mal à s'affirmer parfois, qui se cherchera, essaiera de nouer des relations rassurantes et durables, avec ses amies de lycée et avec les garçons.
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« L'eau du lac n'est jamais douce », est aussi les confrontations d'une famille pour échapper à leur condition sociale douloureuse.
C'est ce face à face d'une mère inflexible et ancrée dans la dure réalité de la vie romaine en ce début du 21e siècle avec son fils, Mariano, devenu un sympathisant anarchiste. Mariano qui avec ses engagements politiques, voudrait faire la révolution et participer à de grandes manifestations.

C'est aussi la terrible confrontation d'une mère intransigeante avec sa fille, qu'elle étouffe de ces exigences.
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« L'eau du lac n'est jamais douce », est surtout la colère parfois violente de Gaia, lorsque la désillusion, le chagrin, la tristesse, la culpabilité, le mensonge, les trahisons viendront tour à tour la toucher, viendront la meurtrir, viendront la pourfendre, viendront lui brûler le coeur.
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