AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ericpct


En histoire, jamais je n'ai été un tenant de "l'hypercritique", pas plus que je n'ai jamais accordé quelque considération à ces gratte-papier qui se contentent de recopier, parfois maladroitement mais toujours en les prenant pour argent comptant, les récits des Anciens, sans attacher quelque importance à d'autres sources fondamentales de connaissance, l'archéologie, par exemple.
Voilà donc pourquoi je trouve les travaux de Thierry Camous si remarquables et excellents. Certes, on peut ne pas être d'accord avec tout ce qu'il écrit, mais il n'y a là nul problème car il se garde bien d'affirmer quoi que ce soit de façon péremptoire, préférant au contraire exposer toutes les interprétations possibles lorsque la science ne permet pas de trancher et incliner avec intelligence vers celle qui, somme toute, paraît la plus plausible, compte tenu de tous les éléments disponibles à l'analyse, fournis non seulement par les sources anciennes, mais aussi l'archéologie donc, auxquelles il faut ajouter l'étiologie, l'onomastique, la numismatique et bien d'autres disciplines encore. Comme il l'écrit lui-même, "le rôle de l'historien [...] est de saisir les dynamiques et les sous-entendus du récit légendaire afin de mieux percevoir la trame véritablement historique réélaborée en une légende édifiante". En effet, pour Tarquin le Superbe, et plus généralement cette époque reculée de la royauté à Rome, le brouillard de la légende est si épais que les choses ne sont pas faciles à discerner sans un raisonnement hypothético-déductif des plus rigoureux. "L'histoire est une science qui, par définition, se nourrit de débats pointilleux" rappelle l'auteur qui ajoute aussi que dans le cas d'espèce, " à Rome, rien n'était jamais supprimé car tout était sacré. Les institutions et les cultes formèrent à terme un curieux mille-feuille de pratiques dont la signification finissait par échapper aux Anciens eux-mêmes." Et quand on pense que déjà du temps de Cicéron, Rome était un musée à ciel ouvert, on mesure mieux l'ampleur de la tâche! Ce souci d'aller le plus loin possible dans l'étude de son sujet conduit T. Camous à se demander sur une page entière si le temple de Jupiter Capitolin de l'époque des Tarquins était périptère ou pas, débat qui a de quoi, je le reconnais, déconcerter le néophyte. Néanmoins, il ne faut pas s'y tromper, ce livre est parfaitement accessible à tous et son style très agréable. Il m'a permis de me débarrasser de quelques fausses idées sur la royauté romano-latino-étrusque ainsi que sur les Etrusques eux-mêmes.
Le livre refermé sur sa dernière page, je méditerai encore longtemps sur ce que je viens de lire, comment et jusqu'à quel degré Rome est devenue étrusque, , sur ce qui tient de la légende réécrite et magnifiée (pour servir les intérêts d'un Auguste, par exemple) et ce qui, au contraire est avéré. Et en définitive, il n'y a que Thierry Camous pour m'expliquer avec clarté comment "la République n'a pas pu sortir toute armée de la cuisse de Jupiter, ou plutôt, de la concupiscence de Sextus Tarquinus".
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}