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Critique de Fortuna


Ce long monologue d'un juge-pénitent, Jean-Baptiste Clamence, échoué dans un bar d'Amsterdam le "Mexico City", est en fait une confession. de son interlocuteur, sorte de double de lui-même, on ne saura rien, ou pas grand-chose. Un Français de passage, ne parlant pas le hollandais…
Clamence poursuit son monologue devant un genièvre, à travers les rues pluvieuses de la ville, dans les quartiers sombres, sur le port, évitant un pont qui lui évoque le motif de sa chute - le suicide d'une jeune fille qu'il n'a pas tenté de secourir - plus profondément une réflexion sur la culpabilité humaine.

Cet homme, brillant avocat, dont l'existence était vouée à cultiver son autosatisfaction - un homme attentif aux autres, excellent homme de lois défendant les plus faibles, ayant du succès auprès des femmes - s'est retrouvé face à lui-même : égocentrique, lâche, indifférent aux autres, futile, coupable. Pensant fuir dans la débauche, rattrapé par ses remords, il fuit Paris et sa vie de bourgeois pour faire pénitence dans ce quartier glauque d'Amsterdam où il pratique la confession publique, renvoyant aux autres sa propre image pour les amener à l'aveu de leurs turpitudes...

Une réflexion sur la condition humaine, la vanité d'existences qui ne font qu'effleurer les choses, protégées par les richesses matérielles et leur bonne conscience, persuadées de leur innocence. Ce parcours de Jean-Baptiste est presque religieux malgré son athéisme revendiqué. On peut y voir également une forme de dépression face à la vacuité révélée. En tout cas un texte magnifique qui porte à réflexion : il nous renvoie à nos propres vies d'individus modernes gavés de certitudes et de bien-pensance, égoïstes, indifférents aux conséquences de nos modes de vies, englués dans une course à la consommation...D'où la dimension philosophique de l'oeuvre de Camus et sa remarquable actualité.
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