La Peste

Je n'ai rien à ajouter à ce qui est dit jusque-là sur ce grand roman que j'ai relu après vingt, si ce n'est que, pour moi, Albert Camus aurait dû placer son histoire dans une ville de la France métropolitaine et non dans une colonie pour que son message humaniste soit vraiment complet. Sinon, parler d'une telle maladie à Oran, sans y mêler le moindre personnage autochtone, cela rend le récit moins réaliste, surtout quand on sait que c'était à l'époque même que des milliers de paysans algériens déferlaient dans les villes, fuyant la famine, parce expropriés de leurs terres passées sous les mains de colons européens. La chose est bien décrite dans "Le métier à tisser " de Mohamed Dib, mais aussi dans "Ce que le jour doit à la nuit" de Yasmina Khadra.
N'empêche que c'est justement pour ça que ce roman renferme une valeur historique souvent méconnue, dans le sens où l'auteur décrit assez clairement le niveau de vie des colons par rapport aux autochtones qu'on nommait alors "les indigènes", et qui d'ailleurs sont totalement ignoré par Camus.
Malheureusement c'est de cet aveuglement et du mépris aberrant de la part des autorités françaises de l'époque, qu'est née l'une des guerres les plus sanglantes de l'histoire, dont les séquelles sont encore là.