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Critique de Il_voyage


Je crois que je n'avais encore jamais lu de Camus. de mémoire, j'ai plusieurs fois commencé la Peste, sans jamais passer les 10 ou 15 premières pages.
Peut-être fallait-il les circonstances particulières du confinement et d'une pandémie mondiale pour me plonger dans @Albert Camus ? Et aussi la boîte à livres des profs du collège où une ancienne édition - avec un rat énorme en couverture ... - m'a fait de l'oeil il y a déjà deux mois.
Je me suis laissé happer à la fois par l'écriture de Camus et par son histoire. Quel talent de conteur ! Et il en faut pour raconter cet épisode de peste qui vient toucher Oran, depuis les premiers cas jusqu'à la prise de conscience de la maladie, de la multiplication des décès à la luette parfois désespérée pour sauver des vies.
Forcément, nombre de passages font écho à la situation actuellement vécue par tant de personnes de par le monde. Un regard d'abord distancié, on continue la vie comme avant. Seuls quelques "lanceurs d'alerte" comme on dirait aujourd'hui se soucient de la situation. Les premières mesures prises, d'isolement, de quarantaine, de couvre-feu, etc. La ville fermée, les contrôles, la tension qui se fait jour. Camus parvient comme personne à rendre compte de l'atmosphère d'une ville en état de siège, en explorant par la même occasion les tréfonds de l'âme humaine. Il y a des lignes magnifiques sur la ville, les couleurs, le ciel ... On est à Oran, on respire l'air vicié de la ville avec Rieux, Rambert, Tarrou, Panelou et les autres.
Parce que cette histoire est aussi celle des hommes qui luttent contre la peste. Les médecins, journalistes, hommes d'Eglise, étrangers de passage. Autant d'alliés de circonstance qui font cause commune pour lutter contre un même fléau.
Pendant ma lecture, sans en avoir la certitude, j'ai vu se dessiner petit à petit cette allégorie de la lutte contre la peste brune, contre le nazisme. Il m'avait semblé lire quelque chose autour de ça étant jeune. Et plus on avance dans l'ouvrage, plus l'enfer de la maladie devient palpable, plus on voit ce parallèle dressé par Camus. D'autres ont bien mieux que moi analysé les différents personnages, les temps du livre, avec le résistant de la première heure, le collabo, celui qui finit par s'engager ...
Et l'ouvrage se clôt sur le passage qui m'a à la fois le plus marqué et peut-être aussi le plus inquiété : la peste est toujours là, tapie dans l'ombre, attendant son heure. Et forcément me sont revenus en mémoires les derniers mots accompagnant le documentaire d'Alain Resnais, "Nuit et Brouillard", sorti en 1956, qui ne disaient pas autre chose.
En tout temps, restons vigilants.
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