AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 1967fleurs


Délibérément, j'ai choisi ce titre d'Albert CAMUS, pour comprendre comment à Oran dans
les années 40, on a vécu et vaincu la peste.

C'est je dois en convenir certainement ma première véritable rencontre avec cet auteur et de surcroît une lecture en version numérique….

Parce que le sujet est d'une troublante actualité, je suis rentrée dans cette histoire avec beaucoup de retenue, découvrant le talent de son auteur et m'apprivoisant si on peut dire avec les rats vecteur de la maladie.

Personnage central, le Dr Rieux reste très prudent quant à l'évocation d'une maladie qui s'accroit. La Préfecture, elle-même reste sur la réserve. La population s'interroge sur ce qui se trame, mais elle continue sa vie, en se rendant chez les amis, dans les cafés, les restaurants, les cinémas.
«à Oran, les excès du climat, l'importance des affaires qu'on y traite, l'insignifiance du décor, la rapidité du crépuscule et la qualité des plaisirs, tout demande la bonne santé ».

Les habitants finissent par courber l'échine, face aux mesures radicales : les portes de la ville fermées, la gare silencieuse, le courrier réduit. C'est l'autarcie.

Le Dr Rieux est accompagné de sa mère et de colistiers : Cottard le trafiquant, Grand employé de mairie, Tarrou le chroniqueur, Rambert le journaliste, Paneloux le prêtre. Tous sont différents et en désaccord, mais ils sont un pour vaincre la peste. Cette brigade gravite auteur du Dr Rieux.

J'ai aimé ce personnage, humble, impuissant, combattant, aidant, lucide, qui garde patience face à l'épuisement, et constate toutes ces vies affreusement perdues . «Dans le souvenir de ceux qui les ont vécues, les journées terribles de la peste n'apparaissaient pas comme de grandes flammes somptueuses et cruelles mais plutôt comme un interminable piétinement qui écrasait tout sur son passage. »

L'auteur nous plonge dans l'horreur de ce fléau, qui semble invincible. La persévérance, la pugnacité face au néant, réduit au silence ces combattants.

Chacun de ces amis, se porte volontaire pour soutenir et vaincre la maladie dans des centres d'isolements. le Dr Rieux est tous les jours à l'hôpital ou auprès des malades confinés chez eux. La vie s'organise autour de la mort qui ne capitule pas. C'est déconcertant et décourageant.

Faire face coûte beaucoup à chacun et le moral est au plus bas. « du reste le Dr Rieux, par exemple considérait que c'était cela le malheur justement, et que l'habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même. »

« A la vérité, tout leur devenait présent. Il faut bien le dire, la peste avait enlevé à tous le pouvoir de l'amour et même de l'amitié. Car l'amour demande un peu d'avenir, et il n'y avait plus pour nous que des instants ».

La peste nous entraine vers l'inconnu, lorsqu'elle faiblit, elle laisse des âmes meurtries, et la vie triomphe prudemment…
Commenter  J’apprécie          7114



Ont apprécié cette critique (62)voir plus




{* *}