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Critique de Casmotte


L'étranger, c'est le narrateur, un homme détaché de ce qui lui arrive. Froid, dépourvu d'empathie, il est plus ému par ses sensations directes que par les souffrances ou bonheurs des autres.
On ne sait presque rien sur lui et son nom, Meursault, n'est évoqué que rarement. Il n'est qu'une voix qui n'exprime pas ses émotions.

Le livre débute avec l'enterrement de sa mère, dont il parle comme d'un évènement ordinaire. Dans un vocabulaire simple, il détaille la cérémonie d'un regard clinique.
Un jour, il va tuer un homme sans véritable raison, si ce n'est qu'il fait chaud (le gars n'est pas émotif mais il ne supporte pas de transpirer).
On assiste alors à son procès qui tourne au ridicule. En effet, Meursault va être condamné pour ce qu'il est (un homme sans remord et pour qui les conventions sociales ne signifient rien) et non pour ce qu'il a fait. Ce qu'on lui reproche le plus, c'est qu'il n'a pas pleuré sa mère. L'enjeu n'est pas la victime (dont on ne sait pas grand chose d'ailleurs) ni le meurtre mais bien la nature du meurtrier. A son absence d'empathie répondent les règles et les idéologies censées canaliser l'individualisme de la nature humaine.

L'étranger est une réflexion sur le fonctionnement de notre société. Comme étranger au monde, le narrateur ne connaît pas le mensonge. Dans son récit, il décrit la société sans artifice ni sentiment. Son regard naïf nous montre la vacuité de la justice, l'absurdité de la société, le ridicule des règles et des institutions, l'inutilité de la religion (rien que ça!).
En nous faisant vivre les événements de l'intérieur, l'auteur nous invite à adopter cette réflexion sur le fonctionnement de la société.

L'écriture simple se contente de phrases courtes qui nous font partager le détachement du personnage. Nous sommes en immersion dans la tête de quelqu'un qui voit défiler sa vie sans vraiment y prendre part. Nous assistons au sacrifice de celui qui, parce qu'il ne sait pas mentir et qu'il fait preuve d'indifférence ne leur ressemble pas. C'est un coupable-innocent. Un homme qu'on rend étranger à son propre procès et qu'on condamne à mort au nom de certitudes.

J'ai beaucoup aimé ce roman, assez déroutant mais très bien écrit. Les interprétations de ce texte sont nombreuses, réveillant nos émotions pour un homme qui n'en exprime aucune.

Ce livre a été adapté au cinéma.
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