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Critique de Aline1102


La mère de Meursault vient de mourir.
Le jeune homme se rend aux funérailles mais se sent étrangement insensible à la cérémonie qui s'organise tout autour de lui.
Quelques jours plus tard, alors qu'il passe le week end chez des amis, Meursault tue un jeune Arabe. le soleil et la chaleur l'ont rendu "étranger" à ses faits et gestes et il a commis ce meurtre presque sans se rendre compte de ce qu'il faisait.
Ce n'est pas l'avis du Procureur qui plaide pour le Ministère public lors du procès de Meursault. le magistrat réclame la peine capitale...


"L'Etranger" porte bien son titre.
Meursault est étranger à tout. Il ne se sent pas très concerné par le décès de sa mère. Il ne regrette pas d'avoir tué un homme. Ces deux événements dramatiques sont, selon lui, des choses qui arrivent, voilà tout. Meursault ne parle pas beaucoup et réagit encore moins. Il est étranger à sa propre vie et, plus tard, à son procès et à la sentence qui y est prononcée.
Ce jeune homme me donne l'impression de vivre dans l'instant présent uniquement (et encore !) : le passé ne l'intéresse pas, l'avenir encore moins. Ce qui importe, c'est ce qu'il a sous les yeux, ce qui se passe lorsqu'il est présent pour y assister. Ainsi, sa vieille mère placée en maison de retraite (un "asile", comme on l'appelle dans ce roman) ne l'intéresse plus beaucoup ; il n'a même plus été lui rendre visite pendant sa dernière année de vie, le trajet en autobus lui semblant trop long et pénible. La vieille dame ne vivant plus avec lui, Meursault ne semble plus beaucoup penser à elle.
Même chose avec sa petite amie, Marie. Meursault aime la fréquenter et la trouve belle, mais il lui dit plusieurs fois qu'il ne l'aime pas. Lorsque Meursault se retrouve en prison pour le meurtre du jeune Arabe, sa relation avec Marie s'étiole : les deux amants ne se voient presque plus et Meursault s'en fiche. Loin des yeux, loin du coeur.
Cet homme profondément indifférent est mené à sa perte par ce que l'on pourrait qualifier de manque de réaction face à la vie courante. S'il tue le jeune Arabe, c'est, au départ, un peu à cause de sa relation avec son voisin de palier, Raymond. Souteneur notoire, ce dernier propose à Meursault de devenir son copain. Trop indifférent pour refuser, Meursault accepte (il n'en a pas spécialement envie, mais s'il refusait, il faudrait donner des explications. Trop long et trop fatigant) et se retrouve à rédiger, pour Raymond, une lettre de menace qui sera en partie à la source du drame.
Si je précise "en partie", c'est parce qu'il me semble qu'une autre raison, plus obscure et plus personnelle, pousse Meursault à commettre un meurtre : son hypersensibilité aux éléments extérieurs. Trop de soleil, trop de chaleur, trop de luminosité et ça y est : Meursault se sent fatigué et ne sait plus trop ce qu'il fait. Il est alors dépassé par le grand cirque de la vie qui est mis en scène autour de lui, devient totalement "étranger" au reste de l'humanité. Son cerveau semble se déconnecter, ne plus être en phase avec ses actes. Or, le jour du meurtre était particulièrement chaud et lumineux...
Meursault est en réalité vite dérangé par tout ce qui est excessif. C'est certainement cela qui le pousse à aimer voir les autres vivre (il s'assied sur son balcon et observe les passants) alors qu'il ne vit pas réellement lui-même. Meursault refuse de vivre. Etre humain passif et désoeuvré, il subit son existence au lieu d'y participer activement...

J'avais découvert ce roman d'Albert Camus en secondaire (=lycée) mais je ne me souvenais pas vraiment du déroulement du récit. Je m'attendais donc à un roman lourd malgré sa brièveté, à un texte qui met son lecteur mal à l'aise. Finalement, je l'ai dévoré en une après-midi. Car, si L'Etranger ne traite pas d'un sujet facile et dérange plus d'une fois son lecteur, il est aussi profondément fascinant. Camus parvient à mettre en scène la déchéance de Meursault d'une façon passionnante. Peut-être les premières phrases du roman y sont-elles pour quelque chose : " Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. " C'est accrocheur, non ?

Challenge 15 Nobel : 2/15
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