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Critique de encoredunoir


À cinq ans bien sonnés, Alper Kamu sent bien que la vieillesse et la décrépitude le guettent.
« À l'approche de mon anniversaire, j'ai passé le plus clair de mon temps posté à la fenêtre, à observer les gens au-dehors. Ils traversaient la vie tantôt accélérant, tantôt ralentissant, et émettaient toutes sortes de bruits, le regard sans cesse en mouvement. J'étais malade à l'idée qu'un jour je deviendrais l'un d'eux. Malheureusement, il n'y avait aucune autre issue possible ; le temps s'écoulait, inexorable, et je vieillissais vite. »
Admirateur de Chostakovitch, aimant à lire Nietzche pour rigoler un peu, Alper est un enfant un peu particulier qui aime aussi jouer au foot dans son quartier d'Istanbul et n'hésite pas à tenir tête à des grands de sept ou huit ans s'il le faut. Lorsqu'il découvre le cadavre de l'un de ses voisins, l'ancien policier Hicabi Bey, et que la police pense tenir le coupable en la personne d'Ertan le Timbré, l'idiot du quartier retrouvé sur les lieux du crime, Alper, armé de son pistolet en plastique, décide de mener l'enquête et, au passage, de reprendre sa vie en main.

Nous voilà donc face à un polar turc existentialiste dont le héros de cinq ans se plaît à faire la nique à la police tout en combattant les brutes du quartier qui en veulent au ballon de ses camarades. Il y a de quoi, au départ, être dubitatif. Pourtant, Alper Canigüz, par la force de sa propre conviction arrive à faire très vite accepter au lecteur son étrange postulat de départ et c'est finalement bien volontiers que l'on suit Alper Kamu dans ses pérégrinations stambouliotes. Tout juste si l'on n'oublierait pas parfois, comme ce procureur à parapluie pratiquant les arts martiaux, que l'on a affaire à un enfant de maternelle, n'étaient les apparitions régulières de traits caractérisant bien l'âge du héros : le pistolet en plastique, les relations avec les autres gamins du quartier, les stratagèmes à mettre en place pour traîner dans la rue le soir et cette fâcheuse tendance à vider les fonds de verre de raki dès que les adultes tournent la tête.

Intelligent, brillant même parfois, et bourré d'humour, L'assassinat d'Hicabi Bey vaut bien entendu plus pour les soliloques et autres considérations du héros sur la société turque dans laquelle il évolue, que pour l'enquête, élément accessoire qui sert essentiellement à donner un prétexte pour suivre Alper Kamu. Polar foncièrement original et étonnant, il démontre s'il en était encore besoin que l'on peut sans cesse renouveler le genre et que les jeunes éditions Mirobole excellent à dénicher de drôles de pépites.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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