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Critique de latina


« La chaleur nous attendait tous les matins au réveil, persistante et continue, suspendue en l'air comme une dispute interrompue. Elle faisait fondre nos journées sur le trottoir si bien que nous nous déversions à l'extérieur en emmenant nos vies avec nous ».
Ah, ceux qui ont vécu l'été 1976 doivent s'en souvenir ! Cette liquéfaction, cette torpeur, cette atrophie de la vivacité...

C'est ce que vivent les personnages de cette histoire, et pourtant ! Une femme a disparu, Mrs Creasy est partie, un matin, et n'est jamais revenue. John, son mari, est inquiet. Et les voisins aussi, car Mrs Creasy, apparemment, connaissait bien des secrets...
Nous sommes dans une petite ville d'Angleterre. Grace (10 ans) et Tilly (6 ans) entament leurs grandes vacances dans la fournaise de leur avenue. Leurs voisins, elles les connaissent, bien sûr. Mais pas bien. Comme elles n'ont rien à faire, elles voudraient retrouver cette Mrs Creasy. « Comment est-ce qu'on empêche les gens de disparaitre ? On les aide à trouver Dieu. »
Et les voilà parties à la recherche de Dieu. Dans toutes les maisons. Sans exception. Même celle de Mr Bishop, au n° 11.
Et nous voilà à leur suite, passant outre des apparences pour pénétrer dans l'intime, dans les secrets honteux.
Petites filles naïves, elles mettent les pieds dans le plat à tout bout de champ. Les adultes doivent composer, mais souvent, leur attitude révèle beaucoup plus que leurs paroles.

Grace et Tilly découvrent le pouvoir des mots, qui « une fois qu'on les a prononcés, se dotent d'un souffle et d'une vie propres. Ce sont eux, alors, qui nous contrôlent ».
Elles découvrent la solitude et la mort. La maladie, physique ou mentale. L'alcoolisme. le rejet. La différence et les préjugés qu'elle engendre. le mal de vivre.
« Imagine que personne n'aille à ton enterrement. Imagine que tu meures et que personne ne t'aime assez pour te dire au revoir ».
Mais elles sont réceptives aussi à ce qu'il y a de beau chez les êtres, et souvent ce beau est caché. Certains adultes leur consacrent du temps, du bien, du beau. « Les mauvaises herbes, c'est très subjectif. C'est une question de point de vue.»
Cela leur permettra de grandir, de voir autrement que les autres. Car souvent, les adultes cachent, tranchent, dérapent, s'agglutinent en essaim calomnieux sans chercher la vérité.

A coup de chapitres courts, d'innombrables dialogues, nous parcourons la vie des gens. La naïveté, le regard candide des enfants transperce beaucoup plus vivement qu'une conversation entre adultes. Et donc l'humour est souvent présent, car il met le doigt sur cette distance que nous autres adultes instaurons continuellement dans nos rapports quotidiens.

Mrs Creasy, vous avez bien fait de disparaitre ! Car vous aurez ainsi permis la révélation de la vérité qui était cachée là, au bout de la rue, des jardins, dans les recoins des maisons.

Merci à l'opération spéciale de Masse Critique ainsi que les éditions HarperCollins pour cette plongée dans l'été 1976, implacable et tranchant, naïf et franc.
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