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Critique de le_Bison


Et si je te racontais une petite histoire. Celle de Martha et de son archéologue par exemple. Martha, une jeune femme, littéraire, écrivaine, philosophe même à ses heures perdues. A la bibliothèque, elle croise le regard de ce type, un brin mystérieux, archéologue de profession genre Indiana Jones, jeune et beau, pas vieux à lunettes. Un verre après la fermeture, un restaurant, des jambes qui se croisent et se touchent sous la table, et puis cette idée : et si j'écrivais un livre sur les derniers jours de Stefan Zweig ? Pourquoi pas, bonne idée même je dis. Un suicide qui laisse en suspens beaucoup de questions, une mort qui apporte peu de réponses. Juste l'imagination et le fantasme de Martha sur la moiteur ambiante de Pétropolis. Tiens à propos de moiteur, la passion zweigienne faisant monter la température, tu me sers une Paulaner, à boire dans la profondeur de tes yeux ?

Et le moins que je puisse dire, c'est qu'à force de lire du Zweig, Martha est chaude et enjouée, heureuse même et malgré la correspondance lointaine entretenue avec son archéologue mystérieux parti à l'autre bout du monde. de toute façon, cela se saurait s'il y avait de l'archéologie à faire dans les champs normands. Alors qu'est-ce que je retiens de cette promenade tropicale dans la jungle brésilienne. Zweig se promène à l'aube, heure matinale propice à la fraicheur méditative. Il déambule, accompagné de Lotte qui tousse encore et toujours plus, de ces quelques rapatriés allemands ou étrangers. Il croise les regards des habitants, boit quelques tasses de thé accompagnés de strudel à défaut de bières et de bretzels, joue aux échecs. Il est accueilli presque comme un roi. En tout cas comme une sommité intellectuelle si imposante que son nom évoque simplement le respect même si les brésiliens n'ont pas dû lire ses romans. Il écrit, il correspond, il est dépité par la tournure des évènements qui plonge l'Europe dans un soudain chaos. Et là, Belinda, Martha et moi comprenions la frustration que peut ressentir cet être sensible face à la barbarie humaine, l'inhumanité du nazisme qui plane sur la sphère mondiale. Dépité est même faible pour caractériser son sentiment qui se rapproche plus de la honte et du dégoût.

Mais pendant que Martha écrit son roman sur Zweig – ou que Belinda écrit son roman sur Martha qui écrit un roman sur Zweig – ou que le Bison écrit une chronique qui se prétend littéraire sur Belinda écrivant un roman sur Martha qui écrit un roman sur Zweig, Martha écrit en plus de longues lettres à son archéologue aimé, fantasmé, désiré. Des lettres pleines de passions, de sentiments, d'envies chaudes et de pulsions érotiques. Oui, on peut fréquenter les couloirs peu fréquentés d'une bibliothèque et être une chaudasse aussi tentante que bandante à la façon dont elle discourt sur plusieurs pages l'art de la fellation. Oui, c'est aussi ça, Martha. Une femme qui aime tailler une pipe à son archéologue, oh putain que c'est bon, presque jouissif même. Normal lorsqu'on s'immerge de la passion et de l'âme de Zweig. N'as-tu pas déjà remarqué que je lis toujours les romans de Zweig à la terrasse de café ? Je vois que tu me comprends, parce que les femmes passionnées viennent s'assoir à ma table et m'offrir cette bière dans l'intimité de plonger ton regard dans le sien, les lèvres caressées par la mousse.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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