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Critique de asphodele85


Premier roman que j'ai beaucoup aimé…

Bacalao met en scène les amours et la vie de Vincent, la petite quarantaine déjà froissée, professeur de lettres à Lyon dans un lycée catholique privé. Dès la rentrée, lors d'un devoir sur la princesse de Clèves (et sa soumission au duc de Nemours), il éprouve un violent coup de foudre pour Ayrton, un de ses élèves d'origine portugaise (d'où le titre, bacalao signifiant morue en portugais) et sait qu'il va souffrir. » Les jambes qui dépassaient du bermuda lui donnèrent l'envie extravagante d'être le bermuda, et cette envie trotta au mépris de l'analyse qu'il devait à l'arrivée de M. de Nemours au bal de la cour. »

Son désir et son amour pour cet élève un peu bourrin, inculte et amateur de foot ne vont cesser de croître, à sens unique, mais de façon ambigüe et son désenchantement sera à la hauteur des rêves qu'il faisait (ou pas). Il suivra Ayrton jusqu'à Madère, son île d'origine, pendant les vacances de la Toussaint, ce qui nous vaut une très belle ballade dans cette île et l'envers du décor aussi quand Vincent, se risque dans le quartier glauque de la ville. Il sait très bien où il va : dans le mur mais il y va en payant de plus en plus, en se remettant au Prozac et aux somnifères, pour quelques moments de grâce que veut bien lui accorder son amant volage mais surtout hétéro.

Car il s'agit quand même d'une histoire homosexuelle, malheureuse, et qui traduit très bien, le refus de vieillir de Vincent toujours attiré par les jeunes éphèbes, prêt à mettre le prix pour les garder, un surtout, comme s'il s'agissait de chose normale en amour… (ce qui arrive aussi dans les histoires hétérosexuelles…) « Hélène disait que, sur la balance, il y a toujours une dupe qui ne pèse pas plus que la tare. A qualité égale, le prix d'un garçon traînant dans un parc serait toujours inférieur à celui d'un hôtel de luxe. »

Le fatalisme de Vincent face à cet état de fait nous laisse à la fois mélancolique et agacé, on voudrait le secouer, lui dire qu'il n'a pas choisi le bon moyen pour garder Ayrton mais il a des moments de lucidité quand il fait ses comptes, drôles et désabusés. » Depuis le jour où il avait rêvé d'être son bermuda, Vincent avait toujours pensé qu'il en arriverait là, à ce point prévisible où Ayrton pourrait le rallier à n'importe quelle cause et faire de lui ce qu'il voudrait, quel que soit le prix ».

MON AVIS

Ce premier roman est très touchant, l'écriture est à la fois timide et appuyée, Nicolas Cano effleure pudiquement ses personnages ou au contraire les débusque dans ce qu'ils ont de plus intime, leur sexualité, sans jamais « trop » en faire non plus. Livre qui nous laisse, malgré les moments d'humour, d'auto-dérision surtout, une impression de nostalgie, celle des feuilles d'automne que l'on piétine à la rentrée des classes, les matins déjà frais qui annoncent l'hiver. Et les illusions qui s'enfuient avec le temps…comme si les amours flamboyantes ne pouvaient être que l'apanage de la jeunesse.



Lien : http://leslecturesdasphodele..
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