On ne peut pas comprendre ce qu'est la perte d'un proche si on ne l'a pas vécue.
- J'étais déjà baptisée.
- Selon le rite chrétien, pas le rite gabinien. Tu es officiellement une fidèle de l'Eglise de Gabin. C'est une Eglise super cool, on offre des autocollants " A l'aise Breizh" à chaque nouvel adepte.
Si vous pensez que mon ego en a pris un coup à cause d'un minuscule râteau, c'est mal me connaître. Je suis un expert en vents, climatologue à mes heures perdues.
Il aurait peut-être fallu que je revoie mes techniques de drague - ou que j'arrête de draguer des personnes pas intéressées - mais, qui sait, pour citer un grand philosophe de la culture française : " Sur un malentendu, ça peut passer."
Me plaindre aurait été comme voler du malheur à Gabin.
- Je m'étais peut-être fait des films... Je croyais que... je pensais qu'il y avait un truc entre nous. Un truc en plus, et pas seulement de la complicité. Mais hier, quand je t'ai vu avec tes amis, si différent, encore plus extraverti que d'habitude, j'ai réalisé que je ne savais rien de toi. Rien du tout. Toi non plus, tu ne connais rien de moi. Je ne sais pas quelle est ta couleur préférée, je ne sais pas si tu es bon en maths... Gabin, jusqu'à hier soir, je ne connaissais même pas le prénom de tes meilleurs amis! Tu vois, je parle de tous ces détails que les gens qui te voient tous les jours savent sur toi.
- Ah oui ? Tu deviendras adulte le jour de tes dix-huit ans ? Le matin de ton anniversaire, tu te lèveras, tu te mettras à boire ton café, à te plaindre des impôts, et tu arrêteras de collectionner des fèves ?
- C'est le plan.
C'est le cycle de la vie, apparemment : être ado, faire des enfants, redevenir ado.
Si vous deviez retenir une chose de cette histoire, et une seule, c'est que, chez nous, toute occasion est bonne pour organiser un repas de famille.
"- Tu sais quoi ? Tu es cool pour quelqu'un d'aussi condescendant et coincé.
- Et toi, t'es drôle pour quelqu'un d'aussi immature et bête." pg 35