Citations sur R.U.R. : Rossum's Universal Robots (25)
Hélène : J'ai vu des robots pour la première fois chez nous. La commune les a achetés, je veux dire engagés.
Domin : achetés chère mademoiselle. On achète les robots.
DOMIN
[…] Que pensez-vous, quel est le meilleur ouvrier possible ?
HÉLÈNE
Le meilleur ? Probablement celui qui… qui… est honnête… et dévoué ?
DOMIN
Non. Celui qui coûte le moins cher. Celui qui exige le moins. Le jeune Rossum a mis au point l’ouvrier qui a le minimum d’exigences. Il l’a simplifié. Il l’a débarrassé de tout ce qui n’est pas absolument nécessaire pour qu’il travaille. Ainsi, à force de simplifier l’homme, il a créé le robot. Chère mademoiselle, les robots ne sont pas des hommes. Du point de vue mécanique, ils sont plus parfaits que nous, ils ont une étonnante intelligence rationnelle mais ils n’ont pas d’âme. Vous voyez, mademoiselle, le produit de Rossum est techniquement supérieur au produit de la nature. (p. 31)
“Vous comprenez, il est quand même plus agréable de donner des ordres que de travailler.”
« Je pense qu’il vaut mieux poser une brique que de dessiner de grands plans. »
Domin :
Hélas, Hélène, il n'y a pas de plus grande haine que celle qui existe entre les hommes. Si tu transformes des pierres en hommes, demain nous serons lapidés. (p.154 - Editions de la Différence)
Alquist :
Je vous accuse, Domin ! J'accuse la science ! et je m'accuse moi-même ! Nous tous ! Nous sommes tous coupables ! A cause de notre mégalomanie, à cause de l'argent, à cause du progrès et je ne sais quoi encore, nous sommes devenus les fossoyeurs de l'humanité ! Bravo ! Aucun tyran n'a jamais rêvé d'un monument d'ossements pareil ! (p.149 - Editions de la Différence)
Domin :
Alquist, c'est la dernière heure de notre vie. Nous parlons déjà presque de l'autre monde. Avouez que c'était un beau rêve, de libérer l'homme de l'esclavage. Du travail dégradant et dur, de la sale corvée qui tuait. Alquist, les gens travaillaient trop durement, ils vivaient mal. Et les libérer...
Alquist :
...n'étaient sûrement pas le but des deux Rossum. Le vieux était obsédé par ses inventions monstrueuses et le jeune par ses millions. Et ce n'est pas le but non plus de vos actionnaires. Ils ne rêvent que de dividendes. L'humanité périra à cause de leurs dividendes.
(p.144 - Editions de la Différence)
Alquist :
J'ai raison ! Le monde est devenu fou ! Vous pouvez regarder où vous voulez, sur tous les continents, on croitait assister à une orgie ! Pas besoin de faire le moindre geste pour manger, on vous le met directement dans la bouche ; pas besoin de faire le moindre mouvement, les robots de Domin arrangent tout. Nous, l'humanité, le sommet de la vie, rien ne nous intéresse plus - ni les enfants, ni le travail, ni la misère ! Sauf une chose, bien sûr - les plaisirs, les jouissances, il en faut le plus possible et le plus vite possible ! Et vous voudriez des enfants ? Hélène, à quoi bon des enfants pour des hommes qui ne servent à rien ?
Hélène :
Alors c'est la fin de l'humanité ?
(p.100 - Editions de la Différence)
Domin :
C'est vrai, Alquist, ils n'auront plus de travail, mais d'ici dix ans, mademoiselle, les robots universels de Rossum produiront tant de blé, tant de tissus, tant de tout que nous dirons : les choses n'ont plus de prix, alors chacun n'a qu'à prendre ce qu'il lui faut. Il n'y aura plus de misère. Sans doute qu'ils n'auront plus de travail mais le travail n'existera plus ! Tout sera fait par des machines vivantes. L'homme pourra se consacrer à ce qu'il aime. Il ne vivra que pour se perfectionner.
Hélène :
C'est vrai que ce sera comme cela ?
(p.61 - Editions de la Différence)
Domin :
Alors le jeune Rossum s'est dit : Un homme, ça ressent par exemple de la joie, ça joue du violon, ça a envie de se promener, bref il y a tant de choses qui sont, au fond, inutiles. (p.30 - Editions de la Différence)