AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Enialooiv


Avant de débuter cette chronique, une petite mise au point niveau vocabulaire s'impose, si vous n'êtes pas forcément calés – ce que je ne reprocherai à personne, il n'est pas trop tard pour s'y intéresser -.

- un flexitarien mange de la viande très occasionnellement,
- un végétarien ne mange ni viande, ni poisson (ça c'est moi, coucou),
- un végétalien ne mange ni viande, ni poisson, ni aliments liés à l'exploitation animale,
- un vegan ne consomme aucun produit lié à l'exploitation animale, aussi bien au niveau alimentaire qu'au niveau de la cosmétique, de l'habillement etc.

Dans cette chronique, je désignerai ces 4 catégories de personnes par le terme végéta*ien.

La construction du mot « spécisme » doit vous en rappeler d'autres : sexisme, racisme. le concept est le même mais s'applique à l'espèce, comme les deux autres s'appliquent au sexe et à la race. le spécisme justifie l'exploitation des animaux pour nous nourrir, nous servir ou nous distraire par leur infériorité intellectuelle (entre autres). L'antispécisme considère au contraire que les animaux non humains doivent avoir certains droits, comme tout simplement celui de vivre et de s'épanouir. L'antispécisme comporte deux branches :

- les welfaristes, qui ne sont pas complètement contre l'idée d'exploiter des animaux non humains seulement si ceux-ci sont traités décemment, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui, les scandales récents nous le prouvent,
- les abolitionnistes, qui sont pour l'arrêt pur et simple de l'exploitation des animaux non humains pour quelque but que ce soit.

Aymeric Caron fait partie du second camp et déploie donc un certain nombres d'arguments pour sa cause. Je ne suis pas forcément d'accord avec tout (encore heureux, ça veut dire que je réfléchis et ça empêchera peut-être certaines personnes de me traiter de fanatique), mais la façon qu'a l'auteur de nous remettre à notre juste place vaut le coup d'oeil. Qui sommes-nous, humains ? À peine une poussière dans l'univers, assez insignifiante en fait. Nous avons tellement pris l'habitude de nous placer au centre de tout que nous en oublions notre réelle importance – quasi nulle. Nous considérons que tout nous est dû mais nous ne sommes pas les premiers à peupler la Terre, nous ne serons probablement pas les derniers non plus. Nous sommes par ailleurs loin d'être une de ces espèces essentielles à la bonne santé de notre planète, bien au contraire, nous nous acharnons à détruire notre maison et, ce faisant, les autres espèces qui l'habitent.

Ce paragraphe pourrait vous laisser penser que l'antispécisme est anthropophobe, ce n'est pas le cas. L'antispécisme se bat pour l'égalité entre les espèces, il serait totalement contre-productif de souhaiter créer des inégalités entre les hommes. L'antispécisme, aussi étrange que cela puisse paraître aux yeux de certains, est aussi une nouvelle forme d'humanisme. Je ne développerai pas davantage cette idée ici car l'auteur le fait très bien dans cet essai, mais je souhaitais aborder cet argument pour que personne ne réagisse au quart de tour en disant que les antispécistes en ont après l'espèce humaine, ce qui est faux.

Le plus intéressant dans l'essai d'Aymeric Caron n'est pas tant sa description de l'antispécisme que les possibles solutions qu'il apporte. L'un des reproches que l'on peut faire à l'antispécisme est d'apporter des arguments pour la défense des animaux sans réellement se projeter dans une société où l'on mettrait fin à leur exploitation. Ici, l'auteur reprend de nombreuses sources pour expliquer tout ce qui cloche dans notre système actuel, aussi bien au niveau politique qu'au niveau économique ou éthique. Je suis d'accord avec tout ça, il faut être inconscient pour encore se bercer de « je vais bien, tout va bien » dans la situation actuelle, particulièrement catastrophique. Je suis moins d'accord avec certaines des solutions proposées, que j'ai parfois trouvées trop idéalistes.

L'auteur souligne qu'il ne faut pas renoncer à l'utopie, peut-être qu'un jour l'humanité apprendra de ses erreurs et rebâtira un système plus sage, loin du consumérisme dans lequel l'individu finit par se noyer, peut-être… et il est vrai qu'on peut déjà constater un certain éveil des populations, ne serait-ce qu'en constatant la croissance du nombre de végéta*iens en France, même si on a encore un sacré retard par rapport à d'autres pays (miam, le foie gras…). Il y a encore peu de temps, le végétarisme était considéré comme un mouvement sectaire et bien que ce soit toujours le cas pour certaines personnes, on ne peut qu'observer l'acceptation de ce mode de vie en général : les restos végéta*iens (ou proposant une réelle alternative) se développent, certains supermarchés mettent en place des gammes de produits destinés à ces consommateurs (Carrefour pour ne pas le citer), on s'indigne du traitement des animaux en élevage… Les végéta*iens ne sont plus des monstres qui se baignent dans le sang d'un carniste sacrifié un soir de pleine lune (sorry not sorry).

Cet essai m'a apportée des réponses et m'a aussi fait réfléchir sur certains points, j'en potasse d'ailleurs toujours quelques uns. Si je refuse par principe l'adhésion totale à la façon de penser d'une autre personne, je ne peux que respecter la réflexion, la recherche et le combat d'Aymeric Caron.
Commenter  J’apprécie          1910



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}