Citations sur Les fils de la liberté, tome 1 : Le canard de bois (15)
Qu'est-ce que j'ai fait ?
Il ramassa sa poche : deux tranches de pain du midi, son couteau et des chaussettes au cas où il se serait mouillé les pieds.
- Qu'est-ce qu'il me veut, Gingras ?
Il y avait de l'air puisque Bruno faisait de la buée en expirant. Mais on n'entendait rien. Les troncs secs des bouleaux qui se frottaient et c'était tout. Bruno fourra sa hache dans sa poche de jute sur laquelle se lisait encore l'inscription " Potatoes - Product of New Brunswick ". Il fit deux pas. Il n'y avait pas encore assez de neige pour marcher avec des raquettes.
- A l'heure qu'il est j'achevais ma journée ! Il aurait pas pu attendre, Gingras ?
Bruno se mit à éclabousser du bleu partout en marchant. Derrière lui, les traces de ses pas dans la neige s'emplissaient de silence. Une heure avant d'arriver au camp !
S'il est pas content de mon ouvrage, Gingras, qu'il le dise ! Bruno s'arrêta au beau milieu du chemin. Rien que des épinettes, des sapins et des bouleaux. Il tira sa pipe de sa poche.
Quand on est jeune, on dit tout ce qui nous passe par la tête. En vieillissant, on découvre que le silence est d'or.
Un bleu de fin de jour. La neige commençait à se tasser au pied de bouleaux. Bruno Bellerose finissait de couper des repousses sur le tracé d'un chemin qui n'avait pas servi depuis plusieurs années. C'était sur la concession des McBride, à une heure de marche du camp, à six heures de camion du plus haut relais de la forêt, à quatre heures d'autobus ensuite de La Tuque, la ville la plus au nord, puis à deux heures de train de Trois-Rivières, d'où il fallait encore prendre le Jean-Nicolet, un bon petit bateau blanc, pour traverser le fleuve jusqu'au Port Saint-François, après quoi il restait encore une bonne demi-heure de marche pour arriver à la maison du père, si jamais il vous prenait l'envie de rentrer chez vous.
Un récit extraordinaire dont la lecture coule facilement. Les personnages y sont
attachants et la brutale réalité de tout un peuple en lutte pour sa survie et son bonheur nous est contée dans un récit, en 3 tomes, qui a eu lieu entre 1835 et 1970. On revit, à travers les personnages, dont la famille Bellerose, la lutte des « Canadiens-Français » (comme on disait à l’époque) pour sortir de leur servitude. On découvre les Québécois de l’époque comme des bâtisseurs qui ont contribué à faire du Québec ce qu’il est aujourd’hui, et non trop souvent comme un peuple soumis qui ne savait pas se défendre. C’est un conteur qui m’a transportée tout au long des 3 tomes : Le canard de bois, Le coup de poing et La corne de brume.
Une pipe est à prendre comme une femme, le jeune, faut partir ça bien tranquillement.
Vous savez ce que ça peut provoquer, la peur ? Il y en a que ça pousse à la lâcheté, d'autres à l'héroïsme.
Avec toute leur innocence, les enfants sont un soutien pour ceux qui souffrent.
C'était comme si cette maison avait été sa mère, une mère qui ne vieillit pas. Il songea un instant à tous les Bellerose qui s'y étaient succédés. Il ne connaissait pas leur nom. Seule l'usure des marches de l'escalier témoignait de leur passage.
Le fleuve respirait calmement. De grandes masses de joncs flottaient ici et là. Hyacinthe se laissait dériver vers les promesses de l'aube. Le fleuve allait dans le même sens. Le cours de ses pensées aussi.
Ah, la tendresse ! Cet état d'âme qui vous impose de reconnaître vos propres sentiments dans ceux des autres.