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Critique de cicou45


Collaborant à l'époque (et toujours d'ailleurs) pour un journal départemental en tant que pigiste (j'y faisais alors mes débuts en 2015), l'une ds journalistes m'avait demandé d'aller sur place lors du retour des familles qui avaient assisté au match se déroulant au stade de France ce soir-là, ce fameux vendredi 13 novembre 2015 où de nombreuses vies ont été changées à jamais. Ayant simplement pu interviewer l'un des pompiers présents sur place, je m'étais juré "plus jamais ça", non, je voulais bien me consacrer à des sujets légers, culturels mais plus jamais cela, tant ce bref échange de paroles m'avait bouleversé et je me disais alors "mais qu'est-ce que je fais là, n'est-ce pas du voyeurisme malsain ?" Et pourtant, il fallait que ces voix soient entendues et toujours aujourd'hui et c'est la raison pour laquelle (enfin l'une des raisons devrais-je préciser) je tenais absolument à lire ce livre, pour entendre les paroles des parties civile mais aussi celle des accusés encore et encore, afin que l'on n'oublie pas et que l'on se répète : NON, PLUS JAMAIS CA ! J'admire le courafe d'Emmanuel Carrère et de tous les journalistes présents durant ces près de dix mois de procès, j'admire les avocats (quels qu'ils soient et les victimes qui, six ans après, ont dû se replonger dans cette nuit de l'angoisse et de la mort !

Ici, Emmanuelle Carrère ne fait pas un pathos sur tous les mots - horribles - qui ont été prononcés par les victimes, non il leur rend hommage tout simplement, tout comme il n'accuse pas de front les accusé, il fait un simple état des faits et là, encore je ne peux qu'apprécier la verbe de ce grand journaliste, romancier et tant d'autres encore qu'est Emmanuel Carrère. Lui qui a couvert, durant tout le procès, quelques 8 000 signes grand maximum pour le journal le Nouvel Obs (et je sais combien c'est compliqué de se limiter à un nombre de caractères imposés alors que l'on voudrait dire tellement plus) tous les luundis du mois, ici, il en reprend l'essentiel mais se permet enfin de pouvoir en dire plus et en citant certains noms des parties civiles, il leur redonne vie (elles qui ont perdu soit un proche soit se sont retrouvés handicapées ou démolies moralement pour le reste de leurs vies lors de ce vendredi soir, soit en étant au Bataclan pour ce qui devait être une sortie entre amis pour un concert de rock, soit en prenant un verre avec d'autres amis installés à une terrasse d'un café), soit en allant assister à un match de foot puisqu'il y a tout de même eu une victime que l'on a tendance à trop oublier au stade de France (ce qui porte le nombre à 131 morts ces soir-là). Pour tous ceux-là, je me devais de lire cet ouvrage et ne peux que vous encourager à faire de même !

Certes, c'est une lecture dont on ne peut pas sortir indemne (et c'est la raison pour laquelle j'ai lu cet ouvrage par petites séquences et non pas d'une seule traite) mais c'est un livre-témoignage d'une grande force, extrêmement bien écrit et qu'il faut, selon moi, absolument lire ! Je ne vous cache cependant pas que ma prochaine lecture va s'avérer être beaucoup plus légère (j'en ai vraiment besoin) et si l'on ne peut pas pardonner, l'on peut au moins essayer de comprendre et c'est déjà énorme !
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