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Critique de Isacom


Une année de chroniques au procès des attentats du 13 novembre 2015.
Emmanuel Carrère a délivré, chaque semaine, une chronique à L'Obs.
Si vous avez suivi le déroulé du procès dans la presse (et je lisais aussi, chaque semaine, David Fritz Goeppinger), il n'y a rien de plus, factuellement, dans ce livre.
Sans être lui-même personnellement impacté par les attentats, Emmanuel Carrère a choisi de passer un an de sa vie sur les bancs inconfortables de la salle d'audience. Différant en cela des journalistes, il apporte un questionnement intime, un ressenti qui lui vient de ses rencontres, mais aussi de sa propre vie, de ses lectures, de ses réflexions.
Pour ce livre, il a ajouté à ses parutions hebdomadaires environ un tiers en plus, toutes les notes prises qui ne tenaient pas dans le format du journal.
Je suis très factuelle parce que c'est difficile de parler de V13.
Je ne suis pas larmes du tout, mais j'ai pleuré en le lisant.
J'ai pleuré au début, et à la fin.
Entre les deux, j'ai pu lire sans pleurer. J'avais failli abandonner dès les premières pages.
J'ai pleuré pour Maya, qui a perdu l'amour de sa vie. J'ai pleuré pour Nadia et pour tous les parents endeuillés. J'ai beaucoup pleuré pour Alice la voltigeuse, l'acrobate qui a perdu l'usage d'un bras : parce qu'Alice, je l'ai vue après, en spectacle, pleine de vitalité, de force et de grâce. Je l'ai vue voler, aérienne ; ses camarades la rattrapent par les chevilles, maintenant.
Emmanuel Carrère n'en fait pas trop : les mois de témoignages des parties civiles, il les résume par quelques-uns, ceux qui l'ont davantage ému ; les personnes rencontrées qui lui sont devenues proches ; les amitiés nouées auprès de l'unique machine à café, toujours prise d'assaut, ou alors en panne.
Ensuite viennent les accusés, leur personnalité, leurs motivations.
Là on ne pleure plus.
Emmanuel Carrère est très minutieux en relatant la procédure. Il met en lumière, non seulement les qualités des intervenants, mais aussi les principes même de la justice. Oui, l'autorité et la bonhomie du président Périès ont été capitales pour la tenue du procès. Oui, toute personne a le droit d'être défendue.
Mais en même temps, cette partie-là du livre est frustrante, comme elle l'a été pour les victimes, parce qu'en définitive, les accusés n'ont pas dit grand-chose.
Justice a été rendue, la porte du tribunal s'est refermée, la porte de la cellule s'est refermée sur les coupables, mais pour les victimes, même les plus résilientes, rien ne fermera la porte au chagrin de toutes ces vies brisées.
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