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Critique de Bigmammy


600 pages, lues d'une traite, comme un thriller.

Secrétaire perpétuel de l'Académie française, Hélène Carrère d'Encausse ne cache pas son admiration pour cette souveraine absolue qui a tant fait pour son pays d'adoption : Catherine la Grande (1729 – 1796). Et son livre en décrit toutes les facettes, dans un style tout à fait accessible.

Mariée à 15 ans à l'héritier du trône russe et choisie par l'impératrice Elizabeth comme de peu susceptible d'influence politique, Catherine (née Sophie d'Anhalt-Zerbst à Stettin, Poméranie) accède au pouvoir après un coup d'état et un double régicide (son mari Pierre III et le jeune Ivan VI) en juin 1762, avec l'appui de son favori et amant Grigori Orlov et de ses frères.

Cinq ans après sa prise de pouvoir, Catherine assoit sa légitimité et révèle son extraordinaire clairvoyance.

Elle publie le manifeste « Nakaz », largement inspiré de l'esprit des Lumières, et installe la Grande Commission Législative qui va siéger entre 1767 et 1769 (203 séances).

Cette Commission donne à Catherine L occasion de rencontrer la Russie réelle. On y trouve bien des similitudes avec les cahiers de doléances de 1789. En fait, les délégués acceptent leur condition mais veulent que le pouvoir central desserre son étau.

Le Nakaz, écrit et publié par Catherine, est si novateur pour l'époque que Choiseul en interdit la publication en France, le jugeant trop subversif. Car Catherine est nourrie des oeuvres des philosophes français dont elle maîtrise parfaitement la langue et qu'elle accueille et soutient financièrement : D Alembert, Diderot, Voltaire et Grimm.

En politique étrangère, elle a choisi pour conseiller Nikita Panine : voltairien, franc-maçon et totalement incorruptible. Elle choisit le système d'alliance du Nord et renoue avec la Prusse, contre l'Autriche et France de Louis XV qui la méprise « Tout ce qui peut plonger le peuple russe dans le chaos est profitable à mes intérêts » dit celui-ci.

Son règne est régi par trois principes : La Russie est une puissance européenne, le régime est autocratique car personne ne peut agir dans des conditions dominées par un espace aussi grand, l'agriculture ne saurait prospérer dans un pays où nul ne possède rien.

Elle va oeuvrer avec efficacité dans plusieurs domaines : l'organisation territoriale, la tolérance religieuse, l'enseignement – y compris pour les filles – l'organisation d'une fonction publique rémunérée pour supprimer la corruption, la création de richesses via le développement du papier-monnaie.

La Révolution ou « peste française » aura raison du rapprochement avec la France de Louis XVI. Catherine encourage la coalition contre la France mais en réalité, elle poursuit toujours ses deux objectifs majeurs : la Pologne et la lutte contre l'Empire Ottoman pour la conquête des terres jusqu'à la mer Noire, avec l'activité efficace de son favori Gregori Potemkine – sans doute son mari secret – qui voulait se tailler un royaume en Petite Russie …

Petite princesse allemande insignifiante devenue russe et orthodoxe, écrivaine prolifique (romans, essais, théâtre ...), animée d'un patriotisme farouche, fille De Voltaire imprégnée de l'esprit des Lumières, libre de moeurs toute sa vie mais toujours indépendante en ses décisions politiques, cette souveraine exceptionnelle agrandit son empire, installa son pays dans la cour des grands, modernisa son pays mais échoua sur la question du servage. Elle eut raison trop tôt …

A lire pour mieux comprendre les relations entre la France et la Russie, par-delà les siècles ...
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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