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Critique de Capridegh


L'enchanteur enchante. Il envoûte, sublime les choses de la vie, intrigue, étonne parfois, captive toujours. L'enchanteur est magique. L'enchanteur est magnifique... Il n'est pas comme les autres. Aucun autre livre de littérature pour jeunes adultes ne semble lui arriver à la cheville. L'enchanteur nivelle par le haut un genre littéraire qui peine depuis longtemps à se renouveler. Oubliez les dystopies à la Hunger Games, oubliez les romances pleines de clichés tout droit sorties de Wattpad, oubliez les stéréotypes de héros façonnés aujourd'hui sans grande originalité dans des moules réutilisés encore et encore... Aujourd'hui, il y a L'enchanteur, le point de départ d'un nouveau genre qui a un pied dans la tranche de vie et le drame et un orteil dans le fantastique mais toujours avec brio et équilibre, à la frontière de la littérature soignée et plus pointilleuse pour adulte.

C'est très rapidement qu'on s'attache à chacun des cinq personnages centraux. L'humanité déborde et inonde le lecteur toujours un peu plus au fil des pages et l'amitié qui lie ces jeunes gens est forte, belle, tout en naturel et irrésistible. Au cours d'une bonne première moitié du roman, la vie de chacun d'eux, même si parfois banale, est sublimée sous la plume excellente de l'auteur. Moh, Dan, David, Jenny et Stan, liés comme les cinq doigts de la main, traversent les épreuves de la vie puis des épreuves plus fantastiques avec toujours la même force mentale et toujours la même capacité à passionner et enthousiasmer le lecteur. Avec ses allures de magouilleur gentil et plein de bienveillance, Stan, l'enchanteur, pétille dans le récit et son intelligence ne manque jamais de nous passionner. C'est à partir du début de la seconde moitié du roman que le fantastique (promis dans le résumé au dos de l'ouvrage) apparaît doucement dans les pages, non sans appréhension de la part du lecteur qui s'interroge tout autant que la bande d'amis ; il était alors jusque-là confortablement baigné dans une réalité très terre-à-terre à travers le quotidien des protagonistes, leurs remises en question, leurs joies, leurs peines, leurs problèmes de santé, de coeur, leurs rencontres amicales, etc. L'introduction du Mal dans l'histoire est abrupte et on pourrait alors se demander si l'auteur excellera autant dans le genre fantastique que dans le genre tranche de vie si plaisant et si captivant à lire pendant la première partie du roman. La réponse est oui ; Stephen Carrière ne se laisse jamais intimider par le Mal et son caractère aux antipodes de la réalité de ses personnages et manie jusqu'à la toute dernière page son récit de main de maître sans perdre notre attention ni notre intention de dévorer le roman jusqu'au bout, bien que l'envie que l'histoire ne se termine jamais grandisse toujours un peu plus avec l'amour que l'on porte aux héros. le fantastique parsème les quelques dernières pages et bien qu'il soit relativement discret aux premiers abords, il prend toujours un peu plus d'importance jusqu'à sa pleine manifestation. Mais à quel point le Mal est-il présent dans la vie des personnages ? le Mal est-il finalement le racisme qui court dans les rues de la ville et divise les gens ou cette présence informe indescriptible et pourtant ravageuse qui y sévit tout autant ?

Finalement, L'enchanteur est un roman qui brille d'une intelligence et d'une finesse que l'on côtoie guère dans les histoires que l'ont raconte habituellement au jeune public. Moh, le jeune narrateur, aussi rusé que franc, relate les événements de bout en bout avec une authenticité parfois à vous torde le coeur ou à vous le faire fondre ; il s'adresse notamment quelques fois au lecteur en personne, à vous. Chose très appréciable, il prendra même quelques minutes pour, comme un épilogue, donner des nouvelles de chacun des personnages. Comme dans la scène post-générique d'un film, après le travelling sur le bateau, après le fondu au noir et les noms blancs de l'équipe entière du film défilant de bas en haut, Stan, entre autres, apparaît à nouveau à l'écran, plus transformé que jamais, et c'est non sans un pincement au coeur qu'on lit les derniers mots de la vie des amis qu'on a côtoyés pendant plus de quatre cents pages, qui nous manquent déjà et à qui on souhaite tout le bonheur du monde. La petite troupe a remporté le challenge de faire un miracle ; L'enchanteur en est un à lui tout seule.

J'accorde ★ ★ ★ ★ ★ à L'enchanteur. L'enchanteur, c'est ce joli bijou d'originalité dans un écrin au matériau rare et précis que représente l'écriture belle et fraîche, un écrin parsemé d'autant de pierres précieuses que de personnages forts et qui marquent, dotés chacun d'une humanité qui dévaste le coeur du lecteur de bonté et d'amitié, dotés chacun d'une intelligence et d'une ruse qui élèvent de page en page, de chapitre en chapitre, toujours un peu plus l'histoire captivante de bout en bout. L'enchanteur est une réussite, un roman magique dont on ne souhaite pas voir la fin, par un auteur juste et minutieux qui laisse parler une bande d'amis qu'on aimerait avoir auprès de soi dans la vraie vie.
Lien : https://lirecestboireetmange..
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