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Critique de gruz


Malaisant. Voilà un mot qui résume bien ce nouveau Donato Carrisi. Un mot nouveau (entré dans le Petit Robert en 2019), qui vient des racines populaires. Parfait pour décrire un roman qui, même s'il n'invente rien, prend sa source aux racines du thriller et arrive pourtant encore à innover dans sa forme. En 300 petites pages, ce qui n'est pas un mince exploit.

Oui, ce livre est dérangeant, par son histoire, par son ambiance. Par la manière de la raconter, aussi.

Tout tourne autour de trois personnages qui n'ont pas de patronyme, juste un qualificatif choisit par l'écrivain italien, qui leur servira de nom de guerre dans cette bataille avec et/ou contre le Mal.

L'homme qui nettoyait.

La chasseuse de mouches.

La jeune fille à la mèche violette.

On ne sait que peu de choses d'eux, seulement ce qu'ils font et sont au moment présent. Pas grand chose de leurs passés troubles, si ce n'est ce qui est distillé par petites touches au fur et à mesure de l'avancée du récit. Ils restent comme évanescents. Insaisissables, fuyants. Et les mystères qui les entourent deviennent vite obsédants.

Trois destins qui vont s'entrechoquer et choquer. L'homme qui nettoyait, source de mal, va faire un acte de bien. La chasseuse de mouches, qui n'en peut plus de se battre contre elles, tant elles continuent de se multiplier, dans cette métaphore bien trouvée. La jeune fille à la mèche violette, perdue dès ses jeunes années malgré ses origines aisées.

A l'image de l'homme qui nettoyait, qui prend la source de ses informations dans les déchets, le lecteur va fouiller dans les poubelles des trois personnages. Dans l'intime qui explique ce qui les a fait évoluer, ces maltraitances enfouies mais toujours aussi vivaces. Ils sont devenus ce qu'on a fait d'eux, et ont choisi trois chemins différents, qui pourtant vont se croiser.

La maîtrise de Carrisi n'est plus à prouver. Et pourtant, une fois encore, sa dextérité de virtuose du thriller me laisse sans voix.

La manière dont il se joue du lecteur, avec subtilité et ruse, est à enseigner à tous les apprentis auteurs de thrillers. Jusqu'à l'emmener à un final inattendu et déroutant, du genre à en rester la mâchoire pendante. Et qui fait horriblement sens.

Avec une manière de raconter et d'écrire, à la fois énigmatique et factuelle, qui met vraiment mal à l'aise, il pousse à garder tous les sens en éveil.

Je suis l'abysse, le précipice à mes pieds donne le vertige, l'abîme de mon âme est sans fond.

Donato Carrisi réalise à nouveau l'exploit de proposer une autre variation du Mal. Un roman malsain dans son ambiance, mais qui laisse aussi des traces par les émotions ressenties aux travers de la rencontre de trois âmes égarées. Magistral.
Lien : https://gruznamur.com/2021/1..
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