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Critique de Musa_aka_Cthulie


Ah la la... Ah la la... Ah la la la la... Je meuble, je meuble, vu que je ne sais pas très bien par où commencer....


Alors voilà : j'ai entendu parler de ce livre je ne sais pas trop comment, mais quand il est sorti, j'étais certaine, ne me demandez pas pour quelles raisons obscures, qu'il était extrêmement intéressant. Pourtant, je n'avais jamais lu l'auteur. Il y a de ces mystères dans la vie, hein... Et quand je suis tombée sur la quatrième de couverture - oui, j'ai conscience de beaucoup trop parler des quatrièmes de couverture -, j'ai senti que ce livre était fait pour moi. Ça m'évoquait tout plein de choses que j'aime, par exemple Solaris, grande métaphore romanesque et mélancolique sur la solitude de l'être humain.


En fait, pas du tout. Non pas que ça ne me corresponde pas du tout, au contraire. le côté ville en ruines, les personnages solitaires, le recours au monde des rêves, les descriptions bizarroïdes du paysage urbain, c'était a priori fait pour me plaire. En fait, j'ai passé mon temps en lisant Melancolia à penser aux textes de fantasy très sombres de Lovecraft, à certains films de David Lynch, à Kafka (ça semble être une grosse référence de ce recueil, pour le coup), et à ceci, et à cela. Oui, mais justement, c'est là que le bât blesse : je n'ai pas cessé d'interrompre ma lecture, non pas pour réfléchir à ce que je lisais, mais pour penser à autre chose, qui m'intéressait davantage.


On se retrouve donc avec trois nouvelles présentées entre un épilogue et un prologue (épilogue et prologue que j'ai trouvés sans grand intérêt), et qui ont pour sujets l'enfance et l'adolescence, la solitude, et, évidemment, la mélancolie. J'en profite pour prévenir le lectorat innocent prêt à se jeter dans l'abîme : si vous êtes déprimé et que vous ne voulez pas sombrer davantage, évitez à tout prix Melancolia. Et si vous êtes sur le point de déprimer, évitez aussi à tout prix Melancolia. Et si jamais vous n'êtes pas déprimé mais que vous êtes, je sais pas moi, hypersensible, évitez aussi Melancolia. En revanche, si vous êtes déjà dans une phase carrément dépressive, ben de toute façon le mal est déjà là, donc peut-être que vous vous sentirez en phase avec les personnages et que ça peut vous convenir.


Il est donc question d'un enfant dont la mère est morte (alors c'est ce que j'ai cru comprendre, mais il semblerait que je sois la seule) et qui se réfugie dans les rêves pour échapper à la solitude, puis, pour se réconforter, dans l'isolement le plus sombre, le plus noir (j'ai compris qu'il se laissait mourir, mais là aussi il semblerait que je sois la seule) ; de deux enfants dont les parents sont comme des ombres, qui vivent dans un monde qui leur est propre, et jouent au jeu des renards jusqu'à ce que la petite fille soit envoyée à l'hôpital et que son frère se retrouve seul. Là, en sus de la solitude et de la mélancolie, il est beaucoup question de la maternité, notamment via le décor de la ville très étrange, mais aussi d'un double du garçon dont je n'ai pas du tout saisi le rôle ; j'ai tendance à voir des métaphores partout, même là où il n'y a pas, ben là j'ai vraiment pas capté à quoi celle du double servait. On commence à s'enfoncer dans un machin énigmatique, voire abscons, voire ésotérique (serait-ce donc un recueil dédié seulement à quelques initiés ?)


Et arrive la troisième nouvelle. Si j'avais cru peiner un chouïa sur les deux premières, là, j'ai carrément souffert le martyre. Et là, j'ai trouvé que Mircea Cărtărescu en faisait carrément des tonnes. Je me dois de préciser que si les deux premières nouvelles font entre trente et quarante pages, celle-ci en comporte environ quatre-vingt-dix. Et c'est beaucoup trop. Beaucoup de répétitions, notamment à propos du questionnement sur le sens de la vie qui, bon, ne va quand même pas bien loin. On a donc là l'histoire d'un adolescent solitaire, dont les parents sont des ombres pour changer, qui lit de la poésie (là, j'ai commencé à trouver qu'on était dans le cliché) et qui rencontre une fille de son âge. Pour évoquer les changements qui marquent la vie des hommes (et pas des femmes, attention), Cărtărescu utilise l'image des peaux : tous les hommes perdent leurs peaux régulièrement au cours de leur vie, et les rangent au fur et à mesure dans un placard ou n'importe où ailleurs. Mais apparemment cette mue ne concerne pas les femmes, et c'est là un grand mystère pour cet adolescent.


Alors comme ça, cette troisième nouvelle a l'air hyper captivante, encore plus que les autres. Mais parce que c'est vraiment très long, que le texte se délite presque à l'infini, qu'on revient toujours aux mêmes images... eh ben j'ai trouvé ça très gonflant. Je n'en pouvais plus de lire cette nouvelle, je n'en voyais pas la fin, j'ai même eu l'impression que jamais au grand jamais je n'en verrais le bout. J'étais harassée, épuisée, crevée, abattue, lasse, exténuée. Pour le coup, ça m'a permis d'entrer en connexion avec le personnage - au prix d'une grande fatigue, vous l'avez compris. J'ai trouvé une bonne partie des métaphores soit lourdingues, soit trop ressassées par l'auteur pour que ça ait une véritable portée. La nouvelle aurait pu être de la même longueur que les deux autres (déjà que je les trouvais un tantinet longuettes), mais non. Je ne sais pas si c'est pour faire plaisir aux lecteurs qui lui sont fidèles, ou parce que simplement Cărtărescu aime tellement écrire de cette façon qu'il a du mal à s'arrêter, ou pour une autre raison encore... mais c'est long, c'est long, c'est long ! Hou la la que c'est long ! J'en suis arrivée à me dire que le texte était complètement écrasé par le style de l'auteur.


Et si je vous ai parlé de mes pauses digressives, que dire du nombre de fois incalculable où je me suis, littéralement, endormie en lisant ces nouvelles (enfin, surtout la dernière, ce qui explique le temps que j'ai mis à terminer le bouquin) ? Pendant et après ma lecture, j'ai eu l'effrayante sensation d'avoir lu et relu les quatre mêmes mots à l'infini : décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie, décrépitude, abandon, solitude, mélancolie...

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