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Critique de emdicanna


Voici un livre habilement construit.
L'auteur utilise la forme romancée pour traiter du sujet principal du livre, la disparition programmée de la langue catalane. Ses personnages principaux sont deux écrivains barcelonais, l'un écrivant en catalan et l'autre en castillan. Ils représentent en fait tous les deux l'auteur, qui peut ainsi expliquer pourquoi lui-même a choisi ce procédé :
" Miquel doit décider s'il doit écrire un pamphlet ou un roman."
" Il doit toujours avoir présent à l'esprit le fait qu'il n'écrit pas un essai. Il peut intercaler les réflexions qui lui viendront, sans complexe, car les règles du genre le lui permettent, et c'est une bonne idée de mêler des matériaux divers. le roman a toujours été un hybride. Mais que le dernier homme qui parlait catalan soit l'autopsie de la langue ne doit pas en faire un traité d'anatomie. Attention."
"l'idéologie et le message doivent être sensibles, mais sans trop se faire remarquer, comme le vermouth d'un Martini dry."
La mise en scène de deux hommes écrivant en deux langues différentes permet à Carles Casajuana de traiter d'une question plus universelle que la simple utilisation du castillan ou du catalan : un auteur est-il capable de bien écrire lorsqu'il utilise une langue qui n'est pas sa langue maternelle, celle du quartier où il a passé son enfance ? Est-il possible qu'il s'en détache au point de ne pas faire entrer dans son texte des tournures empruntées inconsciemment à la langue première ?
" Que veut-il dire par là, que c'est un roman pensé en catalan, que le problème, c'est la langue ?"
Le livre "est écrit dans un castillan empesé, orthopédique. Un castillan pas naturel. On voit qu'il a été pensé en catalan.
- Je n'ai jamais écrit une seule ligne en catalan, répond Balaguer, (...). j'écris en castillan.
- Mais tu es catalan et tu ne peux pas éviter que ça se voie."
Je n'entrerai pas ici dans le débat, sauf pour dire qu'il est très bien présenté par l'auteur, et que depuis 2009, date d'édition du livre, la situation de la langue catalane n'a pas évolué, du moins pas en mieux. Si ce sujet vous intéresse, ce livre est fait pour vous, il vous plongera dans le vécu linguistique des barcelonais, vous suggèrera des raisons historiques, sociologiques, géographiques, du déclin du catalan. Et vous fera peut-être réfléchir à cette phrase de Louis-Jean Calvet, spécialiste de politologie linguistique à l'Université d'Aix-Marseille : "-Une langue qui meurt, c'est une vision du monde qui disparaît."
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