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Critique de Soleney


Je me suis souvent demandée si la condition des femmes au Moyen Âge était si terrible qu'on le disait, et c'est pourquoi je n'ai pas pu résister à l'envie d'acheter cet ouvrage.
La réponse ? Oui et non. Ça dépend des périodes, ça dépend des régions, et ça dépend des classes sociales. Je précise que c'est la première fois que je lis un livre sur ce thème, et que s'il n'est pas très approfondi, il reste une très bonne introduction au sujet. Sophie Cassagnes-Brouquet évoque beaucoup d'anecdotes qui rendent la lecture intéressante et sont comme des appuis à son argumentation. En fait, ce livre ressemble plus à un mémoire qu'à un essai, tant il recèle d'exemples et de preuves. L'analyse et les explications y sont peu présentes.
Mais cela ne m'a pas dérangée. Je voulais juste en savoir un peu plus sans me bourrer la tête de références historiques, et l'objectif est atteint.

J'ai tout de même quelques regrets : il y avait beaucoup de coquilles, la ponctuation était parfois bizarrement située – quand elle n'était pas absente – et même si le style était globalement agréable et fluide, certaines tournures de phrases étaient maladroites. Je regrette aussi de ne pas avoir plus de détails sur les (nombreuses) illustrations – pourquoi pas une courte analyse pour les plus intéressantes ?
15 euros, c'est un peu cher pour ce que c'est...

Mais bon, il est vrai que les informations qu'on a héritées du Moyen Âge sont souvent incomplètes. Et outre ces détails, j'ai passé un bon moment à me cultiver sans me prendre la tête. J'ai appris ainsi que même si beaucoup de penseurs (masculins et souvent religieux) condamnaient la femme comme étant la fille d'Ève, il y a eu des champions de la condition féminine qui se sont évertués à les défendre – dont quelques dames, comme Catherine de Pizan. Je sais maintenant que l'adolescence, pour le Moyen Âge, s'achevait à 28 ans, qu'une femme sur dix mourrait en couche, et que la mortalité infantile était tellement importante que tuer une femme enceinte ou en état d'avoir des enfants était un crime très grave (plus que si c'était un homme). Que les veuves étaient légions parce que les hommes se mariaient tard (vers 20-30 ans) et mourraient tôt. Que les femmes âgées étaient très (très !) mal vues à cause de leur laideur et servaient de représentations à la vieillesse et à la mort (d'où le surnom de la Faucheuse). Qu'il était possible de commettre des péchés de luxure à l'intérieur de son propre couple en faisant preuve d'une trop grande passion pour son/sa partenaire et en se reproduisant les dimanches, mercredis et vendredis (!).
Bref : le plaisir était péché, et tout était prétexte à le condamner. La superstition et la religion réglementaient le quotidien d'une façon quasi millimétrique. C'est incroyable de constater à quel point les mentalités peuvent changer alors même que nous sommes les héritiers de cette culture ! Désormais plongés dans le culte du plaisir et de la personne, nous sommes presque à l'opposé des modes de pensées de l'époque. En bien ou en mal, l'avenir nous le dira.
Un exemple avec les recluses : ce sont des femmes qui choisissent de s'enfermer volontairement dans une « cabane » dont la serrure de la porte est fondue. Elles ne peuvent plus sortir et sont vouées à une vie entière de prière et de dévotion. Aucun retour en arrière n'est possible. La seule chose qui leur permette de rester en vie, c'est une toute petite fenêtre, par laquelle les habitants du village leur procurent ce dont elles ont besoin. C'est un destin absolument HORRIBLE que de rester incarcéré dans une même pièce jusqu'à la mort ! Ça révolterait n'importe qui, à notre époque. Et pourtant, ces personnes étaient volontaires ! Une seule explication : l'important, c'était la communauté. Pas le particulier. Les recluses étaient très bien vues car elles avaient pour vocation de prier pour le salut des âmes de ceux qui prenaient soin d'elles. Et isolées à vie, elles étaient coupées de toute source de péché – l'accès au paradis était quasi garanti.
Toutefois, il est peut-être possible qu'elles aient été fortement influencées par un parent désireux de se débarrasser d'une fille encombrante ou déshonorée… Qui sait ?

En somme, c'est un livre accessible à tous. Personnellement, ça m'a fait réfléchir sur l'évolution des codes moraux (tellement plus rigides à l'époque !), mais je pense que cela laissera les plus gourmands sur leur faim.
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