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Critique de Pecosa


Avec le roman égyptien, Orly Castel Bloom explore son passé familial et permet au lecteur d'avoir une vision beaucoup moins monolithique de la société israélienne. La romancière dépeint la vie heureuse de sa famille originaire d'Egypte:
« la famille vivait depuis des siècles en Egypte, depuis trop de siècles, peut-être des milliers d'années, car d'après ce que Flore avait raconté à Viviane, il semblerait qu'ils appartenaient à ce fameux clan, à cette unique famille dont il n'est pas question dans l'histoire d'Israël, ces gens qui désobéirent à Moïse, refusèrent de quitter l'Egypte durant la grande sortie, et y restèrent comme esclaves. Il fallut des siècles pour qu'ils soient affranchis et deviennent des chasseurs sauvages, et quand les juifs arrivèrent en Egypte après l'expulsion d'Espagne, ces gens s'empressèrent de se rapprocher d'eux, car d'une certaine manière obscure et mystique, ils sentirent l'antique proximité. ».

On retrouve dans les lignes consacrées à cette période de la vie des Castil la même joie de vivre dans ce pays que celle narrée par Georges Moustaki, natif d'Alexandrie, dans son livre Fils du brouillard.
Après la création d'Israël en 1948, les difficultés se multiplient pour les Juifs égyptiens, entre pogroms, emprisonnements et confiscations. Les descendants Castil prennent le chemin de l'exil, et décident de vivre en Israël, dans un kibboutz. Les Castil sont des militants d'extrême gauche, qui manifestaient déjà dans les rues du Caire tarbouche sur la tête contre le roi Farouk. Malheureusement pour eux, les « Egyptiens » doivent cohabiter avec une majorité d'Ashkénazes et le Printemps de Prague signe leur expulsion du kibboutz. Trop à gauche, trop staliniens, les Egyptiens francophones prennent le chemin de Tel Aviv, et repartent de zéro. Orly Castel Bloom va narrer ce nouvel exil, et ce décalage entre eux et le reste de la société israélienne sur quelques décennies. Trois expulsions au cours des siècles marquent les descendants dans leur mémoire et dans leur chair (troubles alimentaires chez les femmes de la famille depuis 1492). La transmission des histoire familiales, le poids des souvenirs et de l'exil, ainsi que la singularité de ces juifs méditerranéens arabophones et francophones qui peinent à trouver leur place sont les fragments les plus intéressants de ce kaléidoscope.
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