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Critique de Danael


Un formidable roman, pétri d'humanité, qui pousse à s'interroger sur les "accidents de vie" et les ressorts fragiles de la résilience en milieu carcéral.

Romain entre en prison. Il a été condamné pour violation de domicile privé, extorsion aggravée ayant entraîné la mort de la victime, non-assistance à personne en danger et délit de fuite. Sombre. Factuel. Accablant. Mais Romain n'est pas réductible à ce délit. C'est un très jeune homme cabossé par la vie, abandonné par sa mère, placé dans une famille d'accueil, qui s'est laissé dévoyer sans comprendre la gravité de ses vols. Un jeune homme qui aime le foyer dans lequel il a été accueilli, qui rêve d'être un modèle et une épaule pour le jeune Lucas, placé lui aussi chez Fred et Marinette.
Romain apprend désormais à partager le quotidien d'un horizon réduit à quelques mètres carrés avec Laurent, un jeune homme au parcours lisse, étudiant bourgeois, qui a commis l'irréparable. Sans préméditation, sans haine, sans intention de donner la mort. Un mauvais concours de circonstances...
Ce roman sensible et riche, à l'écriture fluide (qui colle parfaitement à l'univers carcéral et à la jeunesse des personnages principaux), ne porte aucun jugement. Il ne dédouane pas non plus mais interroge sur la fragilité des situations, sur leur complexité, sur la difficulté de se reconstruire, de se pardonner, de se faire aider...
J'ai aimé que ce roman ne soit pas seulement une peinture sombre des violences en milieu carcéral. Celle, physique, latente, qui colle aux parois des murs et aux cauchemars des détenus, qui fait renoncer aux promenades, à la salle de sport...qui oblige à rester toujours sur ses gardes. Celle, morale, de la culpabilité, de la prise de conscience de la souffrance infligée aux autres. Celle de l'enfermement, qui distend les heures, les jours, les mois, qui réduit les perspectives jusqu'au renoncement parfois. Celle de la cohabitation dans une cellule qui exclut l'intimité et potentialise toutes les tensions...
Au delà des violences, une peinture très intéressante des familles et proches qui partagent la peine carcérale, des personnels travaillant dans ce microcosme : soignants, gardiens, intervenants. Des bénévoles qui correspondent avec les détenus pour leur permettre de conserver un lien avec l'extérieur, aide à la réinsertion et facteur d'équilibre.
Le fait que Romain et Laurent soient très jeunes donne une valeur particulière à ce récit. Car le lecteur a tout de suite envie qu'ils s'en sortent. le processus de résilience, opéré ici par le biais de l'amitié, est un véritable cadeau.



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