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Critique de Sando


Sando
08 décembre 2022
Georges, dit "Mondjo", c'est le grand copain de la maman d'Alice, celui qui va l'aider à surmonter le départ du père de cette dernière, parti refaire sa vie avec une autre femme aux Etats Unis. Georges, c'est cet homme bien sous tous rapports, qui est toujours là pour aider, soutenir, faire rire. L'ami fidèle, serviable, qui s'investit toujours plus. Il joue le rôle de père, de guide et d'ami pour Alice, jusqu'au jour où il instaure entre eux un nouveau jeu, un jeu secret, le jeu des gouzgouz qui consiste à chatouiller, puis à caresser… Alice a 8 ans, Mondjo 42, commence alors le début d'une longue relation taboue, perverse, quasi incestueuse mais, assurément pédophile dont Alice, désormais Anna, mettra des années à se soustraire…

Avec “Les longueurs”, Claire Castillon nous offre un roman jeunesse glaçant mais néanmoins nécessaire qui alerte et met en garde sur les dangers de la pédophilie et des abus sexuels, dont sont victimes près d'une fille sur cinq et dont le coupable appartient quasiment toujours à l'entourage proche (famille, ami…). A travers la voix d'Alice/Anna, l'autrice nous laisse entendre toute la complexité qui entoure la position de la jeune victime et l'emprise malsaine qu'exerce le prédateur sur sa victime. Amour, dégoût, culpabilité, jalousie, peur (de décevoir son bourreau autant que ses proches…), crainte du jugement et de la sanction sont autant de sentiments qui se mêlent, parfois de manière paradoxale, venant détruire l'un après l'autre les repères de l'enfant et bouleverser sa notion du bien et du mal…

Claire Castillon aborde également le phénomène psychologique de la dissociation car, pour se protéger face à ce traumatisme et rendre l'horreur plus supportable, Alice n'a d'autre choix que de devenir Anna lors des moments partagés avec Georges... Me retrouver plongée dans la tête de cette jeune adolescente de 15 ans a été une expérience pour le moins perturbante… le ton est juste, l'écriture tranchante et crue sans être vulgaire et rend parfaitement l'état de confusion dans lequel se trouve notre héroïne. le malaise s'installe très vite pour ne plus nous quitter rendant la lecture parfois pénible et, pour autant, impossible à arrêter! Un roman éprouvant donc, mais ô combien important, qui vient très justement d'être récompensé par le Prix Vendredi.
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