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Critique de raton-liseur


Si Bécassine m'est connue depuis toujours, je dois avouer que je n'avais jamais eu l'occasion de découvrir ses aventures dans le texte. C'est chose faite depuis que j'ai découvert quelques livres sur un étal de bouquiniste et que j'ai pris, presque au hasard, deux titres de Bécassine qu'il vendait. J'ai commencé par celui-là qui est le premier tout autant en terme de parution que dans le déroulé de l'histoire puisque l'on assiste à la naissance de la célèbre héroïne. Bien-sûr, lorsque ce livre est publié en 1913, Bécassine est déjà un personnage connu, qui a rempli de ses bévues plusieurs pages de « La Semaine de Suzette », mais c'est la première fois qu'elle a le droit à une histoire plus structurée.
Les albums de Bécassine font partie des ancêtres de la bande dessinée, sans les bulles et la mise en page qui ont été inventées depuis, mais déjà avec des illustrations omniprésentes et indispensables à la compréhension de l'histoire, et des textes qui sont surtout des légendes pour les images et qui se situent sous chaque dessin, qui n'est pas encore délimité comme une case de bande dessinée.
Il m'a fallu un peu de temps pour me prendre au jeu. Les premières histoires sont plutôt lourdes et répétitives, mais finalement, quand Bécassine grandit, les histoires se diversifient un peu et, si les ressorts de l'humour demeurent les mêmes, j'ai fini par bien aimer cette Bécassine qui certes n'est pas très futée, mais qui fait finalement preuve d'un bon sens très personnel.
Je sais bien que Bécassine n'est guère aimée des Bretons qui y voient le mépris jacobin pour la province. Et c'est vrai que Annaïg Labornez (à prononcer à la française…), de son surnom Bécassine, n'est pas une lumière. C'est vrai que l'on y sent un certain mépris bourgeois et parisianiste, et l'idée de ce personnage vient bien de l'envie de raconter les bévues des petites bonnes montées à Paris depuis leur province et que tout effraie ou surprend. Belle façon de renvoyer les provinciaux à leur situation de plouc, et la Bretagne, région particulièrement peu développée au début du siècle, en est l'illustration parfaite. Mais le Breton est plouc par définition, et devrait se revendiquer comme tel, n'est-ce pas un mot d'origine bretonne, le plouc étant l'habitant d'un des nombreux « plou » (villages en breton bretonnant).
Alors il faut accepter de lire Bécassine en restant un peu au premier degré, sans y voir la condescendance qui en suinte pour prendre un peu de plaisir à cette lecture et apprécier la logique toute particulière de cette jeune demoiselle et se dire que son manque d'intelligence avéré est compensé par un grand coeur qui est une qualité qui fait plus souvent défaut que l'intelligence.
Une lecture pour enfin comprendre qui est Bécassine et pouvoir en parler en connaissance de cause. Une lecture instructive, avec ses pour et ses contre…
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