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Critique de florigny


La Reine du Monde, de Patrick Cauvin, paru en 2004 c'est l'histoire d'un homme pour mieux comprendre celle d'un continent, l'Afrique.  Marc a quitté Paris un jour où il pleuvait pour aller créer une plantation dans un pays non-nommé, qui peut en évoquer de nombreux, là où la fuite des grands ibis vers le nord indique la grande chaleur. Marah, la femme de sa vie rencontrée à Vienne, l'a suivi et fait l'infirmière dans un dispensaire avec les moyens du bord. Ils sont fous amoureux, du moins durant la première décennie de leur relation, n'ont pas de velléité d'expansion territoriale ou financière, se moquent des richesses du sous-sol. Marc a même refusé un travail grassement payé de guide de safaris pour occidentaux. Ils vivent de la vente de leurs récoltes, ont été acceptés par la population locale, parlent deux dialectes. Leur vie aurait pu s'écouler tranquillement si leur petite histoire n'avait par hasard croisé la grande, s'ils n'étaient devenus des pions sur un échiquier géopolitique nauséabond alors qu'ils n'avaient trouvé dans ce coin du monde qu'une simple raison d'être, un endroit qui les attendait pour vivre leur amour.

 
A leur insu et à Paris, l'on s'agite pour faire revenir au pouvoir un dictateur, Toromba, grâce à un coup d'état orchestré depuis les salons des Hilton et autres palaces, avec l'aide de chargés de missions, experts, consultants, responsables d'organisations humanitaires écrans, chefs d'entreprise barbouzes. Dans cette ambiance feutrée, où des champagnes millésimés, des whiskies très âgés offerts par les contribuables coulent à flots, se décide le sort sanglant de nombreux pays. Marc et Marah sont arbitrairement désignés comme « fusibles ». Autrement dit, ils doivent être froidement exécutés, le meurtre de  blancs justifiant l'intervention de l'armée, des casques bleus, « ces croque-morts d'après la bataille », “l'habileté suprême étant d'intervenir trop tard”. Voilà les tueurs salariés par l'Etat lâchés, ils ne manquent pas au passage d'attiser les haines tribales pour servir leurs plans, ça fait de si belles images pour nos infos européennes.


Mais rien n'étant jamais totalement prévisible ou gravé dans le marbre, les barbouzes se cassent les dents sur un rebondissement inattendu que je laisse aux lecteurs curieux le soin de découvrir.


J'ai beaucoup aimé l'écriture sensible, les phrases courtes-qui-en-disent-long, les mots choisis, riches, du regretté Patrick Cauvin. Même s'il s'agit d'une tranche d'histoire romancée, La Reine du Monde n'en reste pas moins un roman engagé. Engagé aux côtés des peuples martyrs d'Afrique, sacrifiés sur l'autel de la spéculation, auxquels l'auteur rend hommage.
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