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Critique de UnKaPart


Album particulier tout en décalage. On nous annonce d'entrée la mort de Blutch. La première partie de l'histoire met Chesterfield face à cette réalité – parce que la perte de son ami en est une pour lui – et parvient à transmettre son émotion au lecteur, alors même qu'on n'est pas dupe : on sait bien qu'on va voir le caporal réapparaître pétant de santé.
La suite, avec les différentes versions de la mort de Blutch, chaque fois plus héroïque que la précédente, aborde le thème du récit du guerre à travers un double prisme, celui de ses acteurs et celui de leurs auditeurs. Interrogez quinze anciens combattants qui ont participé à la même bataille dans la même unité, vous aurez quinze versions. Parce qu'ils n'auront pas vu tout à fait la même chose de leurs positions respectives, parce que chaque individu n'accorde pas la même importance aux mêmes détails, parce que l'interprétation d'un même fait peut varier d'une personne à l'autre, en toute bonne foi. Sans parler derrière de ceux qui enjolivent un peu. Et encore derrière, ceux qui ont entendu raconter un fait d'armes et qui vont à leur tour interpréter, propager, modifier, parfois mélanger avec leurs propres souvenirs de guerre. Avec, par-dessus tout ça, une tendance à héroïser les copains de régiment tombés au combat, pour compenser leur perte et la tragédie qu'elle représente.
Ce Requiem pour un Bleu propose un jeu de narration très construit, autour d'un Blutch absent parce que mort et omniprésent parce qu'il n'est question que de lui, et d'un Chesterfield passif dans son rôle d'auditeur mais hyperactif sur le plan de l'imagination. Si les versions de la mort de Blutch deviennent de plus en plus improbables au fil des pages, elles ont toutes un fond plausible connaissant le caractère du bonhomme, roublard, têtu, rancunier. Une belle histoire d'amitié entre deux soldats qui passent autant de temps à se chamailler qu'à se sauver la vie.
Lien : https://unkapart.fr/les-tuni..
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