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Critique de tiptop92


François Cavanna - Les Ritals - 1978 : Les mémoires d'enfance sont souvent ennuyeuses et factices. Une fois qu'un individu a vendu deux livres, qu'il est passé une fois à la télévision ou qu'il a gagné une médaille dans une compétition quelconque, il pense du coup que sa vie devient intéressante au point d'en faire connaitre à tous sa genèse. Mais non mesdames et messieurs les peoples, les pseudos stars et starlettes, les vendeurs de vide on s'en fou de votre vie. Nous les lecteurs nous voulons du réel, de l'émotion et de l'histoire aussi. Avec Cavanna on avait tout ça et plus encore avec cette écriture vacharde et cinglante qui correspondait bien au monde de l'enfance et de l'adolescence. L'homme ne faisait pas de ses souvenirs une suite de situations idéalisées qui voulaient montrer à quel point il avait eu de la chance de naitre, ni un chapelet de malheurs totalement exagéré pour faire pleurer dans les chaumières. Entre un père manoeuvre respecté pour son insondable gentillesse et une mère aigrie par une vie qui lui avait sans doute enlevé tous ces rêves, François Cavanna vivait une jeunesse heureuse à Nogent sur Marne. Au milieu des immigrés italiens, cohorte bouillonnante de maçons et de femmes de ménage volubiles le jeune garçon faisait ses premières gammes, ses premières bêtises, sa première fugue aussi et anticipait dans des jeux pas toujours innocents ses relations futures avec les femmes. le ton de ces écrits transpirait une grande tendresse pour cette communauté valeureuse et pour ce père démuni matériellement mais tellement riche en humanité. Car c'était sa figure qui dominait le récit, c'était lui qui la plupart du temps était au centre des anecdotes du petit François Cavanna (avec deux «N» il y tient), lui qui à travers ces souvenirs recevait le plus bel hommage qu'un fils puisse faire à son père. L'anarchie qui régnait dans la construction de ce roman en éloignait toute monotonie. En effet Cavanna qui fut dès sa plus tendre enfance passionné de lecture, ne cherchait pas à classer les évènements par ordre chronologique mais au fur et à mesure qu'ils revenaient dans sa mémoire. Il n'est pas sûr que dans notre monde de plus en plus moraliste ce livre aurait eu le même accueil bienveillant qu'à sa sortie. Cavanna écrivait à l'époque dans Charlie Hebdo et son récit était loin de verser dans le politiquement correct. On n'en dira pas plus de peur que les associations féministes, antiracistes ou autres ne s'emparent de ces écrits pour en faire un autodafé en le sacrifiant sur l'hôtel des réseaux sociaux. Rien évidemment n'était à prendre au premier degré ici (ben oui, je suis Charlie), si ce n'est la bêtise de ceux qui entretiennent cette véritable fosse à purin virtuelle (je parle des réseaux sociaux, vous suivez ?). «Les ritals» était donc un model d'autobiographie rédigé par un écrivain qui ne s'embarrassait pas de pudeur de gazelle pour relater les sentiments partagés en général dans la société du temps de sa jeunesse. Et cette spontanéité équivalait à un véritable bol d'air pur pour les lecteurs… indispensable
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