AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de MarianneL


«Récit de guerre bien frappé, Rome, 4 juin 1944» paru en 2005 (2009 en français aux éditions "Le serpent à plumes", traduit par la talentueuse Dominique Vittoz) s'inscrit dans la continuité de la pièce de théâtre «Radio Clandestine – Mémoire des fosses ardéatines», également publiée en 2005 par Ascanio Celestini, auteur prolifique de théâtre, réalisateur, acteur, un artiste total.

Le 4 juin 1944, le jour où les Américains sont entrés dans Rome, un père et son fils Nino arpentent les rues de la ville pour réunir mille lires, la somme nécessaire pour acheter en groupe et se partager un cochon vivant dérobé aux allemands. Au fil de cette quête dans Rome, ils recueillent des histoires de guerre, racontées par Nino à son fils et rapportées ici des décennies plus tard par ce fils, le narrateur du livre.

Les événements historiques et les histoires individuelles sont racontées ensemble, transformées, déformées mais avant tout vivantes : l'histoire du petit garçon devenu vieux en quelques jours après le bombardement de San Lorenzo, celle de Primo déporté en Pologne après la rafle du Quadraro pour fabriquer des câbles électriques dans une usine allemande sans électricité, celle du vieil homme gardien des cochons de la famille Torlonia, du barbier aux mains superbes qui fait le mort pour ne pas être tué avant de se rendre compte qu'il peut ressusciter les morts, de la mouche capable de prédire l'avenir, tant d'histoires qui se mêlent dans la confusion de cette fin de guerre à Rome – également remarquablement racontée par Beppe Fenoglio dans «Le printemps du guerrier».

«Il faut savoir que le bruit courait que le fascisme était tombé. Il faut savoir que le bruit courait qu'on n'était peut-être plus allié avec les Allemands. Qu'on était peut-être allié avec les Américains… ou bien que les Américains s'étaient alliés avec les Allemands contre le péril communiste russe… que le pape s'en était peut-être mêlé, obsédé par ce péril communiste et qu'il avait mis tout le monde d'accord contre Staline… »

Reflet des multiples talents de l'auteur, Ascanio Celestini donne à lire beaucoup plus qu'un texte, donne à voir une pièce de théâtre, un film, et la force des portraits et des voix qui transmettent les histoires évoque le meilleur de Roberto Benigni et de Federico Fellini. Ces histoires entremêlées, teintées de fantastique, et relatées comme des fables par la voix d'un enfant, permettent à Ascanio Celestini de souligner avec davantage de force l'absurdité, le comique involontaire, la cruauté poignante et l'inhumanité de la guerre.
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}