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Critique de delitterys


Il y a d'abord le livre, format presque enfantin, carré qui déborde la paume, et, sur la couverture, titre rouge mordu, des lignes de vitesse, esquissant fuite, faille, et rayant un visage d'homme dévoré par le silence.

Puis les mots s'infiltrent, à petits pas de conte, pour dire le passage d'un train fantomatique, sans arrêt ni direction, filant, bleuté d'un gel esquissant l'idée d'une fenêtre, « griffé de brume sèche, brûlé de la poussière des champs, des orages d'une terre sans chemins ». le texte dit l'attente, la répétition du mystère, la certitude de son existence, de son mouvement perpétuel vers l'ailleurs.

Il dévoile des voix qui interrogent ce passage imprécis : celle du narrateur, adulte en quête d'épiphanie, celle de l'enfant, curieux prophète à la voix d'italique, deux voix palpant la lisière de cette fable sans souvenir.

Elles s'entrelaceront jusqu'à la révélation, mots mordus à « l'encre lourde d'un regard », paroles réactivées sur les sillons pâles de la page, où tournoient ensemble les brumes floues de la légende-rêve et les ombres-sang de la réalité.
Pierre Cendors façonne un conte moderne interrogeant le pouvoir suggestif du verbe et les tréfonds de l'imaginaire contemporain : son écriture dense laisse le lecteur muet, débordé d'images où le mot s'interstice, étrange inquiétude, inquiétante étrangeté. le voyage qu'il propose est donc tant celui qui mène à travers un style s'avivant comme une peinture, que celui traversant une forêt de symboles oscillant au fil des pages et des fluctuations d'une mémoire voilée.

Un court texte qu'on lit comme une intuition (c'est-à-dire, étymologiquement, un regard tourné vers l'intérieur) fulgurante, de celles qui, perçant les brumes des non-dits, font jaillir le saisissement du souvenir… texte doublé d'un très bel objet – saluons, une nouvelle fois, le beau travail de Cadex (papier feutrant sensuellement la lecture, format transformant le livre en petit trésor, introduction frôlée d'une plume amicale d'écrivain) et les illustrations, justes échos, de Vincent Fortemps !
Lien : http://www.delitteris.com/no..
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