Petits et grands mystères des maths

Vous l'aurez remarqué, Papi, professeur de mathématiques à la retraite, est un peu dur d'oreille. Il soutient que ce "léger déficit auditif" lui vient de ses 4 800 élèves , qui ont crié pendant quarante ans, jour après jour : "M'sieur, j'ai rien compris, vous pouvez réexpliquer ?"

- Eh bien... c'est un grand homme, lui aussi !
- On ne peut pas le comparer avec Zorro, quand même !
- Non, non, bien sûr... Je voulais simplement dire que Pythagore aussi est important et célèbre.
- Important, peut-être, mais sûrement pas célèbre ! La preuve, à mardi gras, il y a plein d'enfants qui se déguisent en Zorro et aucun en Pythagore !

- Franchement, Papi, la barbe ! Les nouveaux nombres s'adaptent aux règles des opérations, et nous, du coup, nous devons apprendre à faire les opérations avec de nouveaux nombres ! Grazia nous a d'abord fait remplir des cahiers et des cahiers avec les nombres naturels, puis avec les nombres décimaux, et tu es en train de me dire que je vais aussi devoir apprendre à faire les quatre opérations avec les nombres relatifs... C'est bientôt fini, d'inventer des nouveaux nombres ?

Il était évident que Papi mourait d'envie de révéler la formule mystérieuse. Mais selon son propre principe, "il ne faut jamais priver un élève du plaisir de la découverte".

Chère madame, aimeriez-vous obtenir un gâteau différent à chaque fois que vous faites de la pâtisserie, même en utilisant exactement les mêmes ingrédients ? Je suppose que non. Quand vous me suggérez vos excellentes recettes, vous savez déjà à quel résultat je dois m'attendre. Pour la même raison, les mathématiciens s'intéressent uniquement aux opérations dont le résultat est certain et unique.

Il y a trois jours, au beau milieu d'une leçon, Filo a soudain été victime d'un terrible mal au ventre. La remplaçante nous a fait prévenir, et Papi est allé le chercher. Dès que le seuil de la maison a été franchi, la douleur a miraculeusement disparu, et le malade a passé l'après-midi à jouer.

J'ai entendu mon frère parler d'un certain Mohammed, qui avait payé la boulangère uniquement avec des pièces de 10 et 20 centimes. Il racontait à Papi que cet homme récoltait ces pièces en lavant les pare-brise des voitures arrêtées au feu rouge devant l'école.

Il faut savoir qu'il y a plus de trois siècles, en 1654, un joueur acharné, le chevalier de Méré, se posa des questions comme toi. Il s'adressa donc à un mathématicien illustre pour en savoir davantage. Son ami, qui s'appelait Blaise Pascal, se mit à étudier le problème en compagnie d'un ami à lui, le magistrat Pierre de Fermat. A eux deux, non seulement ils éclaircirent les idées du chevalier de Méré, mais ils se passionnèrent tant pour les problèmes liés au hasard qu'ils donnèrent naissance à une nouvelle branche des mathématiques : le calcul des probabilités. Cette discipline s'intéresse à tous les phénomènes dont on ne peut pas prévoir les résultat, les phénomènes aléatoires : en latin, alea signifie "dé". En passant le Rubicon, Jules César prononça une phrase restée célèbre : Alea jacta est, "Les dés sont jetés" - autrement dit, la décision est prise ! En effet, le dé est le symbole même du hasard - à moins qu'il ne soit pipé, comme celui que tu utilises pour faire des farces !