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Critique de LoupAlunettes


Le merveilleux ! 
De sa définition, du latin mirabilia , « choses étonnantes, admirables », se définit par le caractère de ce qui appartient au surnaturel, au monde de la magie, de la féerie.
Le merveilleux !
 Ce qui s'éloigne du cours ordinaire des choses ; ce qui est miraculeux, surnaturel.
Le merveilleux est parfois aussi dans l'air que l'on respire, la douceur des jours qui passe en bonne compagnie, dans le sucré et le salé, la force d'un chocolat amer, dans le toucher d'une écriture en braille, dans l'acte d'un enfant qui se met à marcher ou prononce un nom chéri, le merveilleux a plusieurs apparences, plusieurs parfums, plusieurs valeurs.
Le merveilleux est précieux, envoûtant, indéfinissable et pourtant saisissable.
Il peut être ici, à deux pas, comme dans la lointaine Cachemire.
D'ailleurs, Il y a très longtemps près de l'Inde, un jour, un forgeron trouva une pierre contre la roche montagneuse. Une pierre d'un bleu du ciel, d'un bleu à s'y perdre, s'y noyer. D'une beauté du diable comme le qualifie l'Occident.
Dès que le forgeron tira le saphir de sa montagne, il échappa de peu à la mort, à la chute de pierres. La pierre n'était pas maudite. D'ailleurs, Gupar vit au contraire dans ce qui venait de se passer un signe divin, un signe de chance et de bienfaits, un signe du merveilleux.
Pourtant, comme la suite de l'histoire le raconte, avec l'extraction de cette pierre mal dégrossie grosse comme le poing venait de s'inviter de mauvaises amies, l'envie, la convoitise, la haine, la jalousie.
D'une main à une autre, d'une poche à une autre, d'un troc à un vol, le Saphir voyagera de l'Orient à l'Occident, de l'Inde à Londres.
Dans les eaux de la Tamise de Londres, un jour, la jeune May pêcha un énorme brochet et en fit pâlir son frère aîné.
C'était merveilleux !
A l'intérieur des entrailles du brochet se trouvait caché un énorme saphir, gros comme le poing, venant de la lointaine Cachemire...

Sous la forme d'un roman aux multiples protagonistes, Jean-François Chabas construit son « Merveilleux » comme un voyage dont les rebondissements se vivent dans la surprise ou la stupeur d'un chapitre à un autre. L''apparition de la pierre va susciter bien des passions, conduisant même au meurtre.
Oui, ce beau saphir détient ce pouvoir dans son ensorcelante beauté de révéler chez l'être humain le meilleur comme le pire, dans des sociétés de traditions qui souffrent déjà de leurs propres repères de puissance, de richesse, de justice et d'équité.
Avec le périple de cette pierre laissant à penser à un conte philosophique, l'auteur nous fait entrer dans des cultures différentes, des modes de pensées redoutables parfois où se dessine clairement une forme de chaîne alimentaire humaine, basculant lourdement par le poids de la culture, de la fourberie ou du couteau . Comme le précieux anneau du « Seigneur des Anneaux » de Tolkien, de nombreux personnages vont se trouver tenter, du pêcheur qui troque au forgeron la pierre pour « une bouchée de pain », du policier qui glisse la pierre sur le lieu du crime, à son enfant qui s'en débarrasse de peur d'être supplanté dans l'amour de sa maman. Ce « précieux » transforme et met en exergue les pires bassesses déjà en place de l'Inde au Londres du XIXème siècle. Toutefois, parfois le doute s'installe, les personnages se remettent aussi en question, des éclairs salvateurs de changements possibles. Passant du récit au journal intime, du récit de voyage au récit policier, l'auteur nous baigne de sa richesse et de son savoir-faire afin de tenir son propos sur le racisme, le mépris et l'égoïsme qui peut résider en tout à chacun. Toutefois, l'histoire commence avec un homme de bien et fini entre les mains d'une jeune fille frondeuse et emplie de liberté, d'égalité. Tout est bien qui finit bien. Un bijou, ce merveilleux !
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