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Critique de Alfaric


Je le redirai à chaque tome, pour apprécier la série "Vasco" à sa juste valeur il faut accepter les us et coutumes de la BD franco-belge à l'ancienne ici version Hergé (et/ou être passionné d'Histoire, franchement ça aide beaucoup), donc pas la peine de râler sur tel ou tel truc qui appartiennent à une autre époque de la bande dessinée où les auteurs n'avaient guère leur mot à dire face aux préjugés d'une autre époque encore plus ancienne à laquelle appartenaient leurs éditeurs… Voilà pour la mise au point !


Ce 4e tome intitulé "Les Sentinelles de la nuit" et publié en 1986 a toujours été l'un de mes préférés de la saga, et à relecture il me plaît encore mais moins qu'avant. Dans tous les cas j'ai pu approfondir tant du point de vue positif que du point de vue négatif…
On retrouve donc Vasco et Lorenzo réconciliés qui accompagnent Sophie dans son voyage en Cappadoce vers son mariage avec le Sultan Orkhan censé rapprocher Byzantins et Turcs alors que les Mongols venus de l'Est avancent vers l'Ouest. On n'a l'impression d'avoir manqué un épisode depuis le tome 3 et quasiment aucun dialogue ne rattrape le coup. Leur convoi est pris dans un orage, et perdus dans le désert ils sont sauvés par le mystérieux Geoffroy qui les conduit à Kayseri où tout le monde finit dans le prison de l'Émir Eretena. C'est là que le bât blesse : la mise en place du récit occupe la moitié du tome et prennent plein de pages qui auraient dû être consacrées à l'epicness et au tragicness to the max du siège de la bataille de Korama… On veut faire avouer Geoffroy qui ne veut rien dire et ses compagnons d'infortune qui ne savent rien tandis que Sophie sert d'otage, et on passe pas mal de pages dans la prison de Kayseri avant que les péripéties pulpiennes ne permettent à tout le monde de s'échapper (ah le fameux golem de paille du film "Robin des Bois, prince des voleurs" de Kevin Reynolds). Mais la Team Vasco échange une prison pour une autre puisqu'elle découvre à Korama une communauté troglodyte hors de temps composée des descendants de croisés francs du roi Louis VII qui ne veut que personne ne sache où ils vivent quitte à tuer et/ou emprisonner tout ceux s'approchant de trop près de la vérité... Il y avait plein de choses à faire avec le preux Geoffroy, le vil Beaumont, le prince byzantin Manuel à la fois invité et prisonnier, la belle servante Maria qui hésite à l'aider à s'échapper de peur de le perdre à tout jamais, ou le vieux Comte de Rhuys qui fait semblant d'être gâteux mais qui ne perd pas une miette de toutes les mesquineries qui déchirent ses sujets… Et puis l'arrivée des Mongols, le siège, les actions au-delà des lignes ennemis pour gagner du temps, la bataille, le sang et les larmes (les mêmes causes produisant les mêmes effets il y a un petit côté "Kingdom of Heaven" très bien mais trop court)…

On ne va pas se mentir Gilles Chaillet reprend peu ou prou le schéma du "Dernier Spartiate" de son mentor Jacques Martin (qui lui-même reprenait le schéma d'une légende mentionnée dans le Livre IV de la "Périégèse" de Pausanias, un auteur grec du IIe siècle après J.-C. qui écrivait des « guides de voyage »), sauf que la BD de Jacques Martin mettait beaucoup moins de temps à démarrer et à entrer dans le vif du sujet. Et puis avec les mêmes ingrédients j'ai lu plus punchy chez R.E. Howard ("Xuthal la crépusculaire", "Les Clous rouges" et tutti quanti...) qui lui par contre piochait dans les récits d'aventures d'Henry Rider Haggard… Là on a récit presque divisé en 2 parties comme s'il devait être étalé sur 2 magazines, il y a trop peu de choses à dire dans la 1ère partie et trop de choses à dire dans la 2e partie : je me demande vraiment ce que donnerait le même récit raconté et mis en scène de manière plus moderne et plus dynamique (remarque que j'ai déjà faite pour de nombreuses séries franco-belges classiques qu'elles soient de l'École de Bruxelles / Tintin ou de l'École de Charleroi / Spirou).


PS : le fait que sur Babelio Sachenka soit le seul en plus d'être canadien à avoir chroniqué cette série historique à tous les sens du terme de la BD franco-belge est à la limite du scandale !
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