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Critique de clesbibliofeel


Je trouve le titre Feu nomade envoûtant. Un titre merveilleux, le feu évoque la lumière, la réflexion, mais aussi la sorcellerie, la guerre, les cendres, la poussière. Nomade représente la liberté, les grands espaces, également la vie au jour le jour, l'errance. Gérard Chaliand est ce personnage ambigu, fait d'ombre et de lumière. Il a parcouru le monde comme peu d'hommes l'ont fait, épousant les conflits des autres, misant sa vie et la jetant incandescente dans ses mots, cherchant l'âme des hommes et nous livrant la sienne.

La marche têtue

J'y ai vu la marche de l'homme, depuis le début des civilisations. J'y ai vu le souvenir plus intime de son passé, celui de sa famille. Est-ce une sorte d'exorcisme de son enfance, avec des parents ayant dû fuir l'Arménie suite aux massacres ottomans après la première guerre mondiale ?

Les couteaux dans le sable

André Breton, dans une lettre adressée à l'auteur en date du 25 novembre 1959, reproduite en fin de volume, écrit qu'il a trouvé là un des plus beaux poèmes d'amour du temps.

Feu nomade – dédié à son père.

Cette magnifique série de poèmes, publiée en 1970, sonne comme un bilan sans regret du chemin amer parcouru et de la volonté intacte, farouche, d'aller de l'avant.

Cavalier seul

L'auteur est-il ce cavalier seul qui confie au feu des mots les images fulgurantes captées au cours de ces années d'aventures sur les cinq continents ? Viêt Nam sous les bombes, les jardins de Ghardaïa, la Guinée-Bissau, Los Angeles, Cap-Vert, La Havane, Istanbul, Tel Aviv, le Québec, Bagdad... A 36 ans, il a fait l'expérience du savoir, de l'amertume qui l'accompagne, et de la fascination - répulsion de ce qu'il a vu. Ces poèmes possèdent le pouvoir d'incantation des chamans !

Saga si lointaine

Il écrit 12 chants d'une intensité rare sur les thèmes qui parcourent sa vie, ses poèmes : Au commencement, L'apparition, Cette longue marche, Les dieux « On meurt beaucoup ici, à cause de l'au-delà. », Les terreurs, Les fléaux et les plaies, Les femmes, La vengeance, Ceux qui règnent, Chant La guerre, La beauté, Maintenant.

Gérard Chaliand est né à Bruxelles en 1934, de parents exilés d'Arménie pour échapper au génocide arménien. A 18 ans il passe 6 mois en Algérie. de retour en France, il s'inscrit à l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales, étudie l'histoire, le russe, l'arabe, puis enchaîne sur un doctorat en sociologie politique. Il deviendra un grand aventurier, bourlingueur infatigable, « observateur-participant » sur toutes les lignes de front et les maquis, en Afrique noire, au Sénégal, au Mali, en Guinée Bissau, au nord-Vietnam, en Colombie, en Palestine, au Cachemire, aux Philippines, en Irak, avec les Kurdes... Une expérience incroyable dont on retrouve l'intensité dans ses poèmes. Et c'est cet homme-là qui est devenu un grand spécialiste en géopolitique, publiant une vingtaine d'ouvrages géopolitiques de référence, donnant des cours... Il a 87 ans aujourd'hui, une oeuvre immense et participait encore en 2020 à des conférences.
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